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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Laurence de la Baume - Va par où tu ne sais pas

Laurence de la Baume est journaliste et réalise des reportages pour Arte. Un jour de 1996 qu'elle est mandatée pour aller interviewer un chaman aborigène, Mudrooroo, elle vit une expérience courte de conscience altérée alors qu'il répond par un cri à la question "Comment faites-vous pour contacter vos ancêtres ?" Puis les choses s'aggravent en soirée alors qu'elle est chez elle. Le monde se met à tourner, une douleur à la poitrine qui l'oppresse, la respiration qui s'accélère, les symptômes d'une crise cardiaque. Elle appelle son compagnon par téléphone mais il est rassurant: "C'est sûrement ton aborigène". Et il lui enjoint de ne pas résister à ce mouvement d'aspiration spiralaire, de faire corps avec lui, ce qu'elle fait, et ce qu'elle vit alors a tous les atours de l'expérience de mort imminente (EMI), tunnel et lumière hors de l'espace et du temps inclus.

Cette expérience est le moment zéro d'une quête de plus de vingt années consignée dans Va par où tu ne sais pas, qui l'amène à s'interroger avec son regard de journaliste sur la nature de la conscience. Elle va alors faire des rencontres qui vont chacune lui apporter des éléments de réponse, parfois de manière planifiée, d'autres fois, complètement par hasard comme lorsqu'elle rencontre Philippe Guillemant dans un refuge lors d'une randonnée. Elle établit une correspondance avec Satprem, le disciple le plus connu de Sri Aurobindo et Mère. Elle rencontre Pim van Lommel, le cardiologue auteur de la première étude prospective sur les EMI publiée dans The Lancet en 2001. Puis le philosophe et ancien pianiste prodige Ervin László; puis le biophysicien Fritz-Albert Popp, le père des biophotons et le concepteur des photomètres, ces appareils qui les mesurent; puis le psychiatre Stanislas Grof qui s'intéresse aux expériences de conscience altérée; le medium italien Marcello Bacci auprès de qui des objets se matérialisent; le père François Brune, l'un des tenants de la trans-communication instrumentale (TCI) avec qui des messages sont très clairement reçus via un poste de radio. Elle s'intéresse simultanément à la physique quantique qui semble rendre possibles ces phénomènes de conscience bien particuliers et c'est Philippe Guillemant qui fera le lien entre physique et conscience afin de boucler la boucle.

J'aime lire ces livres de quête initiatique à la première personne par ce qu'ils offrent à montrer sur les questionnements et transformations consécutives que tout un chacun est invité à connaître. Je me suis reconnu dans Laurence de la Baume tant mes propres pérégrinations et rencontres de hasard ressemblent aux siennes. Tout cela est très humain, très imparfait et à la fois parfait dans cette imperfection. J'ai évidemment tiqué quand il fut question d'expliquer la conscience par la physique quantique. Dans l'état actuel des connaissances et depuis la fin du XXème siècle (avec notamment les excellents travaux sur la décohérence quantique du physicien nobelisé Serge Haroche), même si tout n'est pas expliqué loin s'en faut, la conscience n'est plus nécessaire pour expliquer la réduction du paquet d'ondes lors d'une mesure. J'ai du mal avec ce recours systématique à la baguette magique quantique par des non-physiciens, à qui je recommanderais d'ailleurs de visionner les passionnantes vidéos de vulgarisation scientifique de la physicienne Sabine Hossenfelder (chaîne anglophone) pour mieux appréhender ce dont il est question, même si elle est une matérialiste convaincue adepte du superdéterminisme pour qui le libre-arbitre n'existe tout simplement pas. C'est toujours utile de se confronter aux explications de véritables spécialistes. Si la physique quantique est indéniablement une clé de compréhension, j'ai tendance à penser que le difficile problème de la conscience est malheureusement plus compliqué que cela (tout en ayant pleinement conscience que cette remarque même relève d'une opinion, et donc de la subjectivité).

Va par où tu ne sais pas est un livre que je recommanderais volontiers pour le cheminement humain qu'il dépeint, et parce que je trouve éminemment intéressant d'accéder aux questionnements d'autres personnes face aux grands mystères de la vie et face aux limites de la connaissance. Nous sommes tous plongés dans cette vie sans manuel d'utilisation et nous faisons ce que nous pouvons pour en saisir quelque sens. Et même si je suis trop respectueux de la démarche scientifique pour accepter que des notions souvent mal comprises soient brandies par ce qu'il convient d'appeler pseudo-science, je n'ai rien contre le fait de voir le mystère du monde à travers une grille de lecture où magie et poésie se superposent à la rationalité. Au contraire, je trouve même la démarche absolument nécessaire.

Laurence de la Baume - Va par où tu ne sais pas
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