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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Entretien - Renaud Évrard

Renaud Évrard est psychologue clinicien, membre du laboratoire Interpsy de l'Université de Lorraine. Depuis le début de sa carrière, il se consacre à ces expériences que les modèles scientifiques standards n'expliquent pas, qui relèvent ainsi du paradoxe ou de l'anomalie, et que faute de mieux, le monde académique relègue avec une condescendance certaine dans la catégorie de la parapsychologie, tandis que le grand public aurait plutôt tendance à les trouver fascinants. Renaud Évrard a ainsi repris un terme issu de la sociologie pour qualifier ses recherches en psychologie: l'anomalistique, afin de mettre l'accent sur l'empirisme, c'est-à-dire le fait que si une théorie scientifique n'explique pas les résultats de certaines expériences considérées comme des anomalies, ce ne sont pas les expériences qui sont à remettre en question mais bien la théorie. Cette discipline est de fait celle qui offre les meilleures chances de faire évoluer les modèles scientifiques pour aboutir en fin de compte à des changements de paradigmes. Son dernier livre en date, La mort, une expérience, met en lumière le phénomène des expériences de mort imminente (EMI) et par son approche rigoureuse, Renaud Évrard remet en question le schéma narratif habituel qui, depuis le livre de Raymond Moody, La vie après la vie paru en 1975, a fait son chemin jusque dans la culture populaire, et offre de nombreuses ouvertures pour une meilleure compréhension de ce phénomène.

Entretien - Renaud Évrard

TélescoPages: Votre dernier livre La Mort, une expérience m'a beaucoup plu parce qu'il est novateur du fait qu'il remet en question ce que l'on croyait savoir sur les expériences de mort imminente (EMI). Comment vous est venue cette envie de remettre en question les connaissances sur les EMI ?

Renaud Evrard: C'est mon propre parcours. J'avais la connaissance générale, y compris à travers des lectures approfondies et des rencontres avec des chercheurs. Puis, une étudiante collaboratrice m'a proposé de faire un article sur les EMI du fait qu'elle avait fait un mémoire autour d'un cas. Je me suis dit que c'était une occasion mais il me fallait un petit défi. Et le petit défi, c'était d'aller chercher des articles dont j'avais entendu parler, mais que je n'avais pas lus. J'ai creusé l'historique des recherches sur les EMI et aussi des articles qui sont un peu difficiles à trouver, notamment ceux de Russell Noyes, publiés aux États-Unis dans des obscures revues de psychiatrie des années 70, ou ceux de Pascal Le Maléfan publiés à gauche à droite dans une approche psychanalytique mais qui ne font pas partie de la littérature mainstream de la recherche EMI. C'est cette lecture qui m'a fait me rendre compte à quel point je n'avais qu'un prisme sur toute l'histoire. Ça m'a amené à retravailler ces choses-là et parfois à contredire les versions qui avaient pu être données de ces travaux, la place des hypothèses psychologiques, le procès que l'on a fait à tort à Noyes au prétexte qu'il aurait pathologisé les EMI, l'approche psychanalytique que l'on ramène finalement à un déni de la mort qui génère des hallucinations. On balaye trop vite ces questions.

TP: On a tendance à penser que le domaine des EMI date des années 1970, mais ce que l'on découvre à travers votre livre, c'est que ce n'est pas du tout le cas, que ça remonte au XIXème siècle.

RE: Le traitement scientifique des EMI remonte à la fin du XIXème siècle. C'est déjà un premier écart. Dans les années 70, il y a eu une percée culturelle très claire, qui a beaucoup de mérite dans un contexte américain assez particulier, mais c'est dommage que ça ait pris la lumière sur tout le reste.

EMI et stéréotypes

TP: On découvre qu'il y avait déjà des cas similaires au XIXème siècle, mais aussi des cas très différents, et que le champ des EMI qui étaient déjà qualifiées d'EMI à cette époque-là (dès 1896!) était beaucoup plus large. On dirait que ce champ a été restreint dans les années 70 à une narration qui a forgé un imaginaire collectif dont on a du mal à se défaire aujourd'hui. Votre livre va dans le sens de ramener à cette vision plus large.

RE: C'était vraiment le but. Je vis l'ensemble comme une frustration. J'ai découvert ces articles très récemment, en 2015. Tout ce que je lis actuellement me semble très restreint, voire à côté de la plaque, voire mensonger ou commercial sur certains aspects. Cela ne rend pas compte de ce que les gens vivent en réalité. Je vais vous donner deux exemples. Lors d'un salon du livre, la semaine passée, une personne m'a dit que le sujet l'intéressait bien qu'elle n'ait pas vécu d'EMI elle-même. Pourtant, enfant, alors qu'on lui avait administré du gaz hilarant pour une anesthésie, elle était sortie de son corps et avait vécu toute la scène depuis au-dessus, ce qui correspond ni plus ni moins à une EMI, même si ça ne colle pas au prototype en vigueur. Autre exemple: sur un forum de descriptions d'EMI (notreexperience), il y avait une catégorie "Les autres expériences de la conscience". La première sur laquelle je tombe, c'est quelqu'un qui manque de se noyer et qui évite la noyade parce qu'il développe cet état modifié de conscience. Mais cette personne ne l'identifiait pas comme une EMI car il manquait des éléments supposés typiques, tels que le tunnel ou la lumière d'amour. Je me suis dit qu'on n'écoutait pas ces gens-là.

TP: C'est un peu dommage et ça explique un peu pourquoi depuis quelques années la recherche dans le domaine semble un peu stagner. Peut-être que l'on veut trop coller à cette narration alors que finalement, il y a des ouvertures dans tous les sens. En dehors de ces a priori sur ce qu'est une EMI, quels seraient selon vous les plus grandes difficultés que rencontrent les chercheurs ?

RE: Je dirais qu'actuellement la plus grande difficulté est l'outil de détection. Ça va de pair avec la définition de l'EMI. L'outil que l'on utilise est calqué sur le modèle de Raymond Moody. On met beaucoup l'accent sur les aspects mystiques et l'on décrit surtout assez mal qualitativement ce qui se joue. Dans l'échelle de Greyson, les items sont présentés comme "on l'a ou on ne l'a pas" et si on l'a, on a deux niveaux à un point ou à deux points qui reflètent des expériences extrêmement différentes. Parfois, c'est cohérent comme "Pensiez-vous plus rapidement ?" où l'on a une gradation entre "Plus rapidement que d'habitude" ou "Incroyablement plus vite". Mais d'autres fois, on a aussi "Avez-vous vu des scènes du futur ?" ou les réponses sont "De mon futur" (1 point) et "De l'avenir du monde" (2 points). Pourquoi est-ce forcément incompatible ? Pourquoi y a-t-il une hiérarchie entre les deux ? Le problème c'est qu'à 99%, la recherche s'est centrée sur ce questionnaire. Ça devient tellement incontournable que l'on a du mal à regarder ailleurs. Pour contrer ça, je propose de retourner aux témoignages, de reprendre à zéro, de demander aux gens ce qu'ils ont vraiment vécu en fouillant avec la microphénoménologie, et on reconstruit une échelle qui reflète le continuum, la diversité des EMI.

TP: C'est-à-dire de faire table rase, de repartir sans préjugés et laisser les témoignages parler plutôt que d'imposer une grille de lecture pour les trier a priori.

RE: Oui, c'est ça. Le modèle théorique a pris le pas sur les récits des gens, même si au départ, il fallait mettre de l'ordre dans les témoignages. J'ai par exemple des personnes qui m'ont dit avoir fait une EMI en rêve, qui m'ont demandé si c'était possible et si ça correspondait à quelque chose. On est perdus face à ce genre de témoignages. Le deuxième souci est que l'approche psychologique a été battue en brèche, pour de bonnes raisons quand on envisageait les phénomènes comme des pathologies. Mais il aurait fallu intégrer le fait qu'il y a des choses nouvelles, inconnues, et explorer ce domaine. La façon dont ça a été fait me fait penser que l'on a placardisé l'approche psychologique. On a l'impression que les psychologues ne sont pas prêts à appréhender les EMI, sauf de façon neuro-réductionniste. Et c'est là qu'il y a pour moi un défi un peu disciplinaire et épistémologique à relever en s'ouvrant à ça. Je sais que c'est compliqué parce que quand j'ai commencé en 2016 à faire des exposés sur ce que j'avais découvert, une des premières réactions de l'une des personnes dans la salle a été de me dire que je ne connaissais rien aux EMI, que je n'avais aucune compétence pour en parler. J'ai trouvé ça assez génial que ça heurte et que le fait de ramener la psychologie dans ce monde-là vienne un peu gêner les gens.

TP: Peut-être que tout simplement le qualificatif d'EMI est obsolète et qu'il faudrait trouver un autre terme pour des phénomènes de conscience beaucoup plus larges que ce qui est décrit depuis les années 70.

RE: Oui, beaucoup d'auteurs se sont dit ça, notamment Ian Stevenson en 1991. Si l'on doit changer cette dénomination, c'est que l'on aura progressé dans la connaissance. Ce ne sera pas très utile de juste trouver un terme qui fasse mieux ou qui soit plus à la mode. Dans mon livre, j'avance sur l'idée d'une réaction psychosomatique face à l'effroi de la mort imminente. Mais c'est trop long et pas très beau [rires].

La science des EMI

TP: Puisque vous parlez de Ian Stevenson, et maintenant c'est Jim B. Tucker qui a repris le flambeau, que pensez-vous de leurs travaux et en quoi est-ce que cela pourrait être complémentaire des vôtres ?

RE: Ce qu'ils ont mis en place, c'est la rigueur des approches qualitatives et là-dessus, ils ont fait beaucoup de progrès. Ils ont travaillé aussi sur les répercussions psychologiques de ces expériences. La Division des études perceptuelles de l'Université de Virginie a également pas mal travaillé sur les aspects neuro-scientifiques, en intégrant plus largement ces expériences à ce que l'on connaît des neuro-sciences des états modifiés de conscience. C'est le travail de Bruce Greyson, qui a légitimé le domaine par le nombre de ses publications dans les meilleures revues, et sur tous les aspects possibles, les aspects traumatiques, la qualité des souvenirs, la comparaison avec des patients psychiatriques, l'induction de ces expériences. Il a bossé sur tous les aspects et souvent très bien. Ils ont donc porté et maintenu la question au niveau académique pendant 40 ans et on leur est redevables de cela. Mais je crois qu'ils ont promu le modèle de l'échelle de Greyson et qu'ils ont tenté de freiner les autres approches. Je l'ai ressenti quand j'ai soumis l'un de mes articles à la revue Journal of Near Death Studies. Ce qui m'a été reproché, c'est d'amener des éléments de psychanalyse. L'article a été refusé pour cette raison-là. Je l'ai soumis à une autre revue, c'est passé mais après un long moment de review où Bruce Greyson était probablement l'un des reviewers. Et là, je me suis rendu compte qu'il y avait presque de la mauvaise foi dans les commentaires critiques. Il a fallu que je démontre que les articles sur lesquels ils s'appuyaient étaient détournés dans leurs conclusions et n'étaient pas fondés. Je ne suis vraiment pas fâché, Bruce Greyson m'a félicité pour le dernier article que j'ai pu faire qui est arrivé après le livre. Sam Parnia a proposé une sorte de consensus et des recommandations pour l'étude des EMI dans le bulletin de l'académie des sciences de New York. J'étais complètement en désaccord avec ce travail, je n'étais pas le seul d'ailleurs, le COMA Science Group a également envoyé une réponse. Et Bruce Greyson qui était cosignataire de ces guidelines m'a félicité et s'est complètement dégagé des idées de Sam Parnia qui, grosso modo, venait de dire que s'il n'y a pas de mort réelle, il ne peut pas y avoir d'EMI. Et toutes les expériences qui sont actuellement dans le champ des EMI qui surviennent quand quelqu'un croit qu'il va mourir seraient de fausses EMI. Même les EMI négatives deviendraient, d'après ce pseudo-consensus, de fausses EMI.

TP: Le travail de Sam Parnia depuis 20 ans consiste à essayer de corroborer des témoignages vécus à la première personne du subjectif avec des éléments objectifs et vérifiables. Que pensez-vous de ce protocole de façon générale ? Parce que dans les témoignages, on a quand même beaucoup entendu parler de gens qui, lorsqu'ils réintègrent leur corps après l'avoir quitté, rapportent un accident de la route, des proches qui attendent dans la salle d'attente, des événements dans d'autres pièces. Qu'est-ce que l'on peut faire de ces témoignages ? Est-ce que l'on est en mesure d'en faire quelque chose ou bien est-ce que c'est condamné à rester au stade anecdotique, ce qui est par ailleurs un reproche très souvent adressé par les sceptiques vis-à-vis de ces témoignages ?

RE: Actuellement, ce sont malheureusement des témoignages assortis d'enquêtes qui laissent beaucoup à désirer. Néanmoins, certains cas sont étudiés correctement. Des preuves ont notamment pu être rassemblées dans un livre écrit par des Hollandais (The Self Does Not Die - par Titus Rivas, Anny Dirven et Rudolf Smit - 2013 NL - 2016 EN, NDLR). Je suis capable d'accepter et de lire ce niveau de preuve-là, mais je ne peux pas en déduire quelque chose d'aussi convaincant que ce que l'on pourrait obtenir dans le cadre d'une expérimentation scientifique. Le fait qu'il y ait un certain nombre de témoignages est intéressant: ça donne des hypothèses à aller confirmer, mais on est au niveau de l'extra-expérimental. Ça n'avance pas au même registre par exemple que les travaux qui ont pu être faits sur le niveau de qualité des souvenirs des EMI, où les recherches sont bien plus rigoureuses, bien plus appuyées, avec davantage de personnes. Ce n'est pas le même niveau de preuve. Pour autant, je trouve que le fait de vouloir passer à la méthode expérimentale avec des cibles et un protocole est vraiment une bonne idée. Dans le cas de Sam Parnia, je ne sais pas si le choix de la cible a été extrêmement bien fait, mais pourquoi pas. J'imagine que ça a dû représenter un effort immense que de convaincre les hôpitaux, de les coordonner et de collecter les données, et rien que pour ça, on peut saluer l'initiative. Mais c'est la montagne qui a accouché d'une souris dans la première version du projet. Ça ne veut pas dire que c'est condamnable pour autant. C'est assez raisonnable, ils ont été honnêtes sur la façon de faire. Mais comme Jean-Pierre Jourdan, j'ai l'impression que d'attendre que des expériences spontanées de ce type se convertissent en laboratoire, en poussant les gens qui dans cet état vont pouvoir aller voir les cibles choisies par des chercheurs, c'est ambitieux et presque idéaliste. Je ne suis pas sûr que ça fonctionne, parce que même dans le cadre des rares expériences de sorties hors du corps induites chez des gens qui arrivent à les provoquer à volonté, il est très compliqué de les orienter vers la bonne cible. C'est du même registre que les expériences avec les rêveurs lucides dont on est capables de savoir s'ils sont en rêve lucide. Il est difficile de réussir à les orienter afin qu'ils fassent le code et qu'ils ne retombent pas dans le rêve. Ce sont pourtant des sujets que l'on entraîne pendant des années et il y a peu de réussites par rapport au nombre d'essais. Là, on n'a pas encore l'envergure suffisante. Ce qu'a fait Sam Parnia, il faudrait que plein d'autres chercheurs soient impliqués pour le reproduire afin que l'on soit sûrs d'en obtenir quelque chose. L'autre espoir, c'est d'aller vers des EMI soi-disant induites. Si l'on arrivait en laboratoire par l'hypnose, la syncope, les psychédéliques et toutes les choses qui sont tentées actuellement, à s'approcher de cet état, peut-être que l'on pourrait travailler sur ce volet paranormal. Malheureusement, les gens qui travaillent le plus sur l'induction des EMI ne cherchent pas forcément à vérifier le côté parapsychologique. C'est peut-être déjà un premier point de réussir à induire une expérience, mais il faudrait ensuite vérifier l'aspect parapsychologique et l'acquisition paranormale d'informations. Ça viendra peut-être dans un second temps.

Le cas Nicolas Fraisse

TP: On a quelqu'un en France qui est supposé arriver à induire cet état à peu près sur commande, mais ça semble très compliqué de le faire venir dans un vrai laboratoire. Je parle de Nicolas Fraisse, qui est le sujet d'études menées par Sylvie Déthiollaz et Claude-Charles Fourier. Son cas ne relève pas des EMI mais il y a quand même tentative d'acquérir des informations de façon parapsychologique. Il y a notamment une expérience de 2013, décrite dans le livre Voyage aux confins de la conscience réalisée avec un huissier, mais sans prestidigitateur sur place pour vérifier s'il y a triche ou pas.

RE: J'ai un peu une histoire par rapport à cette expérience. Nous connaissions Nicolas Fraisse avant que ce livre ne sorte. L'un de mes collègues chercheur universitaire, reconnu dans le domaine, avait commencé à travailler avec lui, avec des cibles, des protocoles de remote viewing (vision à distance NDLR). Ca marchait très bien. Un jour, il reçoit un coup de fil qui lui apprend qu'il n'a plus le droit de travailler avec lui. Par la suite, nous avons plusieurs fois fait des appels du pied pour pouvoir travailler avec Nicolas Fraisse, mais nous avons l'impression que ce n'est pas du tout souhaité. Même s'il est écrit dans le papier qu'ils encouragent d'autres équipes de recherche à reproduire leur travail, j'ai le sentiment que c'est un peu la poule aux oeufs d'or et qu'ils ne veulent pas partager le sujet. Nicolas devrait être libre de ses choix, mais là, en l'occurrence, c'est presque contractuel finalement. Leur collaboration s'est étendue sur 15 ans maintenant donc il y a une intimité et un relationnel très important. Ce que j'ai remarqué, c'est qu'on a parlé beaucoup de ce livre dans les médias, chez Ardisson, et les sceptiques commençaient à dire que c'était n'importe quoi. Mais personne ne faisait une analyse du protocole. Donc c'est ce que j'ai fait sur un blog [analyse du protocole, 2017, NDLR]. J'ai regardé le protocole et malheureusement, il y a beaucoup de failles. Ils présentent ça comme étant une expérience standard en parapsychologie. Or, c'est quelque chose que l'on ne fait plus depuis un siècle. Et même là-dedans, il y a plein de problèmes. L'huissier a par exemple commencé à ouvrir les résultats à mi-parcours, à trouver ça intéressant, et à demander à participer aux expériences en étant présent, ce qui fausse complètement la recherche. D'ailleurs, dans les personnes présentes, il y a les personnes qui ont choisi les cibles, et on ne leur interdit pas de communiquer, même non verbalement. Je vais donner un exemple - je ne dis pas que c'est ce qui s'est passé - mais si Nicolas Fraisse commence à parler d'un pingouin, et que dans les cibles, il n'y a jamais eu de pingouin ou de banquise, on peut avoir la réaction de lever les yeux au ciel et ça suffit comme indice pour indiquer que ça va dans la mauvaise direction.

L'équipe de recherche d'ISSNOE - De gauche à droite: Claude-Charles Fourier, Sylvie Déthiollaz, Nicolas Fraisse (crédit ISSNOE)

TP: Ce n'est pas du double aveugle.

RE: Ce n'est pas du tout du double aveugle ! Prenons le cas d'une enveloppe opaque. Il y a une seule feuille blanche à l'intérieur et un code, celui de la cible, écrit en noir. Et surtout, en réalité, quel est le degré d'opacité d'une telle enveloppe ? Il est en principe relatif à la luminosité. Selon la façon de la tenir, on peut voir au travers. Il existe aussi des liquides que l'on peut asperger sur une enveloppe pour la rendre moins opaque. La salive en est un, la sueur en est un autre. Il existe également des liquides qui sèchent extrêmement vite et en l'espace d'une minute, on peut voir à travers une enveloppe et ensuite, ça s'enlève. Dans les conditions de cette expérience, il n'y avait pas suffisamment de contrôle pour dire que c'était une expérience blindée. Et l'expérience est géniale parce que Nicolas Fraisse entend des voix, des petits poèmes, des haïkus. Sauf que si d'une façon ou d'une autre, il a la possibilité de voir les cibles, après c'est juste sa créativité qui va permettre ça. Je ne dis jamais que Nicolas Fraisse est un tricheur, ou que Sylvie Déthiollaz est complice, je dis juste que quelqu'un qui voudrait reproduire l'expérience dans les mêmes conditions avec un magicien obtiendrait les mêmes résultats. Ce n'est pas très compliqué. En termes de contrôle, de choix des cibles et de randomisation, ce n'est pas suffisant. Donc, le fait qu'ils aient soutenu avoir obtenu 79% de réussite, que l'expérience est un succès et que consécutivement, ils promeuvent toutes leurs théories, cela m'a beaucoup gêné parce qu'il n'y a aucune publication scientifique. Ils ont seulement publié cette expérience dans le bulletin de la Fondation Marcel et Monique Odier de Psycho-Physique ainsi que d'autres éléments dans le livre. On n'a jamais tous les éléments. Par exemple, ils ne décrivent pas tout le matériel, ils parlent d'une enveloppe opaque mais ils ne disent pas que c'est une simple enveloppe kraft tout à fait classique que l'on trouve dans le commerce. On a seulement une photo pour le deviner. Ils n'ont pas publié, ils ne sont pas rentrés dans le débat avec la communauté scientifique et leurs revendications aujourd'hui sont plus d'ordre commercial ou amateur que parapsychologique ou scientifique. Le fait d'avoir été la personne qui critiquait ce protocole - et j'ai un grand souci d'équité - sans chercher à les blâmer me vaut leur détestation au point qu'ils refusent d'aller à des conférences ou des colloques où je suis présent.

TP: Cette attitude est curieuse et n'a pas sa place dans la recherche.

RE: Il y a pourtant dans l'équipe d'ISSNOE quelqu'un qui est docteur en biologie moléculaire. Il y a aussi quelqu'un qui prétend être psychothérapeuthe mais qui n'a pas le titre de psychothérapeuthe. Malgré cela, ils font des choses qui n'ont pas la valeur scientifique qu'ils revendiquent, ce qui prête énormément flanc à la critique et qui ridiculise presque le domaine vers lequel ils prétendent attirer l'attention. J'ai l'impression de faire un travail plutôt salvateur en leur disant que le niveau de preuve est insuffisant. Si Nicolas Fraisse allait dans d'autres laboratoires dans des conditions de contrôle plus élaborées, on pourrait confirmer ce qu'ils ont trouvé à leur niveau. C'est comme ça que fonctionne la recherche, on fait des erreurs, on améliore le protocole. On fait ce que Victor Hugo appelle l'épistémologie de la rature. Comme sur un manuscrit, on fait des ratures, et à la fin, le manuscrit sera bon. C'est comme ça que je vois la science.

Les sorties hors du corps en laboratoire

TP: Les premiers tests que Nicolas Fraisse avait faits avec votre collègue étaient encourageants. Qu'est-ce que ça signifie pour vous à ce stade ? Est-ce qu'il y avait un protocole pré-expérimental ? Comment est-ce que ça s'est passé ?

RE: C'étaient des expériences pilotes avec des cibles aléatoirisées mises dans des enveloppes que le sujet ne tenait pas dans la main contrairement aux expériences en question. Il n'avait pas besoin de sortir de son corps, il le faisait selon la méthode qu'il choisissait et effectivement, les résultats étaient encourageants. Le choix des cibles était fait par un tiers à partir de lots de cibles prédéterminés et c'était l'ordinateur qui choisissait le type de cibles qui étaient imprimées puis mises dans des enveloppes sans que l'expérimentateur n'y ait lui-même accès.

TP: Ce travail-là n'avait pas fait l'objet de publication ?

RE: Non parce que c'était vraiment au niveau pilote. Nous avons déjà testé d'autres voyants comme ça. Nicolas est une personne intéressante avec qui travailler, avec qui on peut monter des choses.

TP: Est-ce qu'il y a d'autres Nicolas Fraisse en France ?

RE: Il y a quelqu'un aussi à Lyon qui s'appelle Alexis Tournier, qui est voyant professionnel, mais qui à la base était étudiant en mathématiques. Il fait tout aussi bien. Maintenant il est formateur en remote viewing. Il existe plusieurs vidéos en ligne où il montre un peu ce qu'il fait, où en suivant plus ou moins le même protocole, il s'en sort assez bien. J'ai justement publié un article récemment sur la méta-mémoire (Evrard, R. (2022). Application of the metamemory theory on a case of remote viewing. Aperture, n°35, 52-6 NDLR). C'est une théorie de Bertrand Méheust relative à la façon dont les voyants voient, où voir, c'est comme se souvenir. C'est comme si l'on recherche un souvenir perdu, puis on a les éléments qui viennent avec les associations. J'ai publié un article où j'ai comparé la recherche d'un souvenir à une tentative de remote viewing d'Alexis Tournier sur une vidéo qu'il a présentée où l'on voit que le cheminement est extrêmement similaire. Il n'arrive d'ailleurs pas à trouver la cible. Il a tous les éléments mais il n'y a pas la synthèse. Il y a comme une amnésie finale résiduelle. Ce n'est pas toujours le cas mais dans ce cas précis, c'était assez amusant.

Expérience de remote viewing réalisée par Alexis Tournier

TP: Dans les travaux de corroboration de l'expérience subjective avec des éléments objectifs, que pensez-vous du travail que fait Sonia Barkallah qui est plus dans une approche journalistique où elle va rechercher des cas dans des hôpitaux avec du personnel soignant ? Cela relève toujours du témoignage mais est-ce qu'il n'y a pas une piste à explorer ? Bien que l'on ne soit pas dans le champ scientifique, est-ce que les journalistes ont quelque chose à apporter ?

RE: Là nous sommes dans le champ des EMI spontanées, mais je travaille comme psychologue clinicien. Par ailleurs, je m'intéresse globalement à la parapsychologie, à l'approche scientifique de ces questions. Et le paradigme en parapsychologie actuellement est plutôt universaliste, qu'on oppose à élitiste. Quand c'est élitiste, on va chercher des gens doués, comme Nicolas Fraisse pour qu'ils se prêtent à l'étude. Mais on obtient aussi de très bons résultats en cumulant des gens un peu moyens mais qui arrivent très bien à déclencher des anomalies dans des protocoles qui eux sont très bien maîtrisés. Et pour le coup, pour tout ce qui va être recherche parapsychologique sur la vision à distance, précognition, etc., on a des milliers d'études, des travaux publiés dans les meilleures revues de psychologie, de physique. C'est très étonnant que cette information ne circule pas aussi bien que les informations sur tel ou tel sujet, sur tel ou tel médium. Je sais d'expérience que si Nicolas Fraisse vient faire une conférence, les gens viennent le voir comme si c'était un peu le messie. C'est vraiment très impressionnant ce culte et cette fascination. Et c'est aussi quelque chose d'assez dangereux qui peut être utilisé à plus ou moins bon escient. Là pour le coup, je ne suis pas contre la recherche élitiste, je pense que c'est intéressant de voir un peu le profil des personnes qui vont développer ces compétences, comment elles le vivent elles-mêmes. Est-ce qu'elles peuvent expliquer leur modus operandi parce que ça peut vraiment nous informer. Je ne connais pas les dernières recherches de Sonia Barkallah où elle va trouver du personnel soignant pour corroborer les visions. Je pense que c'est vraiment à faire. Je ne sais pas si, en tant que journaliste, elle développe une méthode d'investigation comme ont pu le faire les parapsychologues. Il faut comprendre qu'au départ, dans les années 1880, ils ont lancé des sondages dans la population générale. Et une fois qu'ils avaient des personnes qui proclamaient avoir vécu telle ou telle expérience, ils lançaient des enquêtes avec des outils de la criminologie pour vérifier les témoignages indépendamment pour corroborer les dates, les heures. Ca leur a même permis d'obtenir des statistiques qui leur montraient qu'il y avait une sorte de fenêtre d'incidence, 12 heures avant ou 12 heures après le témoignage où l'on avait un événement réel qui coïncidait. Donc cette approche d'enquête, d'investigation, est très poussée en parapsychologie avec des méthodologies qui n'ont rien à envier aux autres approches, pour étudier les poltergeists, ou d'autres cas. Mais dans le champ des recherches sur les EMI, il y a comme une sorte de divergence. Ce sont des gens qui, en se centrant sur les EMI, se coupent de ce que la parapsychologie a déjà produit comme méthodologies, comme épistémologie, comme réflexions expérimentales ou autres. Personnellement, j'aime bien Sonia Barkallah, j'ai échangé de temps en temps avec elle. Je pense qu'un journaliste peut faire du très bon travail. Là je n'ai pas regardé ce qu'elle a fait mais je sais que dans le champ des EMI en France, lorsque l'on bosse sur les EMI, on ne s'intéresse pas du tout au reste de la parapsychologie. Ce ne sont pas des milieux qui se mélangent, malheureusement.

Les apports de la microphénoménologie

TP: Pour revenir à votre travail qui repose sur la microphénoménologie, est-ce que vous pourriez nous décrire en quoi cela consiste ?

RE: Ce n'est vraiment rien de sorcier. C'est juste que quand on va écouter une personne, on va l'aider à déployer son récit. Parce que les mots sont traîtres et sur les EMI, les gens le disent eux-mêmes, il y a un côté ineffable. Quand ils parlent d'une lumière, c'est un mot qui est pauvre, qui ne rend pas compte des choses. Et donc on va les aider un petit peu à sortir des mots tout faits et d'un récit qu'ils ont peut-être fait trop de fois, qui suit un schéma narratif. On va les amener à dégager le savoir implicite qu'ils peuvent avoir par rapport à leur expérience, simplement avec des questions qui commencent par "Comment... ?" "Vous me dites que vous avez vu une lumière mais comment avez-vous vu cette lumière ? À quoi est-ce que vous la compareriez ? Quel type de teinte ? Quelle place prenait-elle ? D'où venait-elle ? Comment se passe votre perception ?" Et puis ensuite, on va retracer la séquence complète de l'EMI, on peut zoomer à des endroits. Et quand on zoome, on va regarder toutes les sensorialités. "Comment avez-vous entendu les choses à ce moment-là ? Comment avez-vous compris ces sons ? Comment est-ce que vous ressentiez votre corps ?" Donc au lieu de savoir juste pourquoi ou d'avoir des questions qui sont presque dans des analyses, des interprétations "La lumière, ah vous avez vu Dieu!" on essaye de déplier le récit. Et ça peut prendre des heures et des heures. À la base, l'approche microphénoménologique est faite pour des expériences qui ne durent pas plus de cinq minutes. Pour une telle expérience, il faut au moins deux heures, on ne se rend pas compte ! On peut faire ça sur "Qu'est-ce que vous avez mangé ce matin au petit déjeuner ?" Pour s'entraîner en formation, c'est sur ça qu'on travaille. Et l'on se rend compte que l'on a enregistré tellement d'informations dont on n'a même plus conscience mais qu'on est capable de restituer quand on pose les bonnes questions, qu'en fait ça déploie des champs de recherche énormes et ça a pu être utilisé par exemple pour la méditation, pour expliquer comment on vit une expérience de méditation. Ca a aussi été utilisé pour savoir comment on sent les signes précurseurs d'une crise d'épilepsie. Ca peut avoir une utilité très concrète.

TP: Ça consiste donc à remplacer des questions fermées par des questions ouvertes et à revenir sur la sensorialité du vécu ?

RE: Tout à fait, c'est une exploration du vécu conjointement avec la personne. C'est un contrat que l'on passe ensemble, où nous sommes deux à être désireux d'explorer cette expérience. Ce qui est gratifiant pour les sujets, c'est de se rendre compte que, même s'ils ont raconté l'expérience quinze fois, il y a des éléments qu'ils ont vécus mais qu'ils n'ont jamais conscientisés. Il y a de l'implicite. Et ils vont découvrir des choses dont ils n'avaient pas connaissance. C'est un bien pour eux aussi.

TP: Est-ce que lorsque vous aurez récupéré suffisamment de témoignages passés au crible de la microphénoménologie, il n'y aurait pas un champ de recherche pour l'intelligence artificielle pour rechercher des clusters de corrélations ?

RE: Tout à fait. En psychologie, on dispose d'un bon nombre de méthodes factorielles. On peut utiliser des méthodes d'analyse de contenus qui font seulement appel aux mots pour connaître ceux qui sont les plus cités. Récemment, il y a eu un travail qui a été fait par le Coma Science Group, qui essayait de déterminer dans quel ordre arrivent les éléments d'un récit d'EMI. Par exemple, est-ce que la sortie hors du corps arrive très souvent, plutôt au début, au milieu ou à la fin ? Leur problème est que les témoignages de leur base sont libres. Ces témoignages libres peuvent faire quatre lignes comme ils peuvent faire quatre pages. Ils n'ont pas la structure qui permet la comparaison. En réalité, il faudrait les restructurer avec la temporalité qui est déjà la première structure de l'expérience pour que la personne identifie ce qui est le début, ce qui est la fin, et qu'il n'y ait pas de ratés dans les étapes. Et là, si on a dégagé ces verbatim nombreux, on peut se prêter à ce type d'analyse avec un peu plus de rigueur.

Projets de recherche en cours

TP: En ce qui concerne l'Université de Nancy, vous en parlez à la fin de votre dernier livre, quels sont les projets de recherche qui sont en cours ? Il est question entre autres d'une thèse avec Miriam Gablier. Quel est l'état de l'art dans votre domaine ?

RE: Nous avons la chance avec mon collègue Thomas Rabeyron, avec qui je travaille depuis 2004, de nous être retrouvés réunis au même endroit, dans le même laboratoire. À partir de là, il est possible d'avancer un peu plus ouvertement sur les sujets qui nous intéressent, de déposer des demandes pour des financements de thèses, et nous y arrivons assez bien. Nous publions beaucoup sur nos travaux depuis le départ ce qui nous donne une certaine caution. Parce que c'est comme ça que l'on se soumet à la critique des pairs. Nous avons autour de huit doctorants qui travaillent sur les expériences exceptionnelles. Il y en a d'autres qui travaillent sur d'autres sujets qui ne sont pas liés à ces vécus, comme des expériences spontanées plus ou moins bien étudiées. Nous avons par exemple une doctorante qui s'appelle Maryne Mutis et qui travaille sur la lucidité terminale, sur ces personnes qui, peu avant de mourir, vont récupérer des capacités que l'on pensait perdues. Il y a des témoignages spontanés mais il fallait monter des études un peu plus larges pour mieux comprendre ce qui se joue. Il y aussi des doctorants qui travaillent sur les vécus en lien avec les ovnis et les enlèvements supposés par des extraterrestres, d'autres qui travaillent sur l'induction d'états modifiés de conscience à partir de lampes stroboscopiques, qui produisent des effets quasiment psychédéliques. Et là, on arrive dans un autre volet - c'est un peu le projet que j'aimerais bien déployer dans les prochaines années - c'est-à-dire induire des expériences exceptionnelles dans des conditions contrôlées. Il existe de nombreux dispositifs. Souvent les chercheurs travaillent sur un seul dispositif puis après arrêtent. Mais ce que nous aimerions faire, c'est essayer plusieurs dispositifs et les comparer pour savoir quels sont les meilleurs, et quelle est la part du placebo dans ce type d'induction.

TP: Au regard de toutes les connaissances sur les EMI que vous avez acquises depuis 2015, est-ce que votre perception de ce phénomène a évolué ? Est-ce qu'entre le dualisme, le monisme, et les différentes autres approches liées à ces phénomènes, vous avez une préférence ? Quelle est votre conviction personnelle ?

RE: Je me rapproche de plus en plus de ce qu'on appelle le monisme à double aspect. Ce n'est pas très connu malheureusement en France, et même dans les milieux philosophiques. On reste dans des guéguerres entre le méchant paradigme matérialiste et le gentil paradigme post-matérialiste. Ces débats sont en général assez surfaits. Par contre, il y a vraiment des chercheurs sérieux sur le sujet. Certains en Allemagne sont basés sur la conjecture Jung-Pauli, la rencontre de la psychologie des profondeurs et de la physique quantique, mais à des très hauts niveaux de discussion où, n'ayant ni formation de philosophe, ni de physicien, je peux être largué sur certains aspects. Mais si je devais opter pour une vision du monde, ce serait celle-ci. Et dans ce cadre-là, les expériences exceptionnelles ont une part très importante à jouer. Ces chercheurs-là sont aussi ceux qui modélisent la phénoménologie des expériences exceptionnelles, et qui donnent une place très particulière aux expériences de mort imminente parmi d'autres expériences dissociatives. Actuellement, je travaille à renforcer ce rapprochement, c'est-à-dire que les expériences de mort imminente ont une réputation liée à la mort et à l'au-delà, et si ce n'est pas la preuve de la survie, ça ne sert à rien en gros. J'essaie de ramener au niveau de la compréhension de la façon dont notre esprit et notre corps fonctionnent au quotidien, comment ils se coordonnent et ça donne de nouvelles pistes de compréhension. Prenons un exemple concret. J'ai très tôt été intéressé par les expériences de mort imminente où les gens avaient des souvenirs du futur, c'est-à-dire de leur projet de vie, de ce qu'ils allaient faire demain, dans des années, les enfants qu'ils auraient. Ça m'a beaucoup interpelé sur le fait que finalement, notre identité, notre personnalité, n'est pas seulement basée sur nos souvenirs du passé, mais qu'elles est constituée pour moitié par notre projet de vie, par notre intention par rapport à notre projet de vie, que cela se réalise ou que ce soit seulement potentiel. J'ai une lecture de l'identité qui est beaucoup moins déterminée par nos expériences passées. C'est la théorie de Locke qui dit que l'on est notre mémoire. Mais en réalité, on est aussi ce projet. On va retrouver cela plutôt chez Jung, qui est plus porté sur l'avenir. Il y a donc des choses que les EMI vont nous apprendre sur le psychisme en général, et je pense que ça intéresserait tous les psychologues.

TP: De votre point de vue donc, les EMI ont moins à apporter sur notre connaissance de la mort que sur celle de la vie ?

RE: Il y a des choses plus accessibles à comprendre sur la vie, la vie psychique, la vie psychosomatique, avec un niveau de preuve et un niveau d'accessibilité plus important que les preuves que l'on aurait sur la survie. Je ne dis pas que le débat est clos et que les EMI ne vont pas y contribuer. Pour certains auteurs, c'est vraiment important. Mais je trouve que là, on parlait de Sam Parnia, au niveau des recherches, il y a encore beaucoup d'efforts à fournir, alors que malheureusement, il y a des données qui passent inaperçues et qui sont déjà interprétables autrement.

TP: Une dernière question d'anticipation. En supposant que la preuve soit faite sans l'ombre d'un doute que l'acquisition d'information en dehors des cinq sens existe objectivement, que pensez-vous que cette connaissance aurait comme impact sur le monde, sur le quotidien des gens ?

RE: Ce sont des questions que je me pose depuis très longtemps. Je les ai travaillées pour comprendre le rapport de notre société au paranormal historiquement. J'ai un livre qui va paraître en 2023 chez HumenSciences, qui va s'appeler La science des phénomènes inexpliqués, qui est une présentation vulgarisée de la parapsychologie, qui commence par un état des lieux des recherches. Vous me demandez de quoi le monde aurait l'air si la preuve était faite, mais le niveau de preuve de la parapsychologie est déjà très élevé. Tandis que le niveau de riposte est vraiment très faible. Vous me parlez d'une situation qui est déjà là depuis des années. C'est assez drôle parce qu'il y a une indifférence générale face au niveau de preuve incroyable. Les informations ne circulent pas. Les sceptiques qui habituellement disent que les travaux ne sont pas bien conduits ont plutôt décidé de prendre pour parti le fait que les données ne sont pas pertinentes, c'est-à-dire qu'il ne sert à rien de discuter des travaux puisque théoriquement, ça ne peut pas exister. Ce type de positions sont tenues dans des revues de très haut niveau comme American Psychologist, par des chercheurs qui sont professeurs de psychologie. Nous sommes dans une aberration presque scandaleuse sur le plan scientifique. C'est une position que l'on dit rationaliste mais qui va à l'encontre de l'approche empirique traditionnelle. Quant à ce que ça pourrait changer pour les gens... Récemment, j'ai dû écrire un article sur la télépathie en 2060 qui a été publié sur le site de Uzbek et Rica. Je me suis amusé à faire de la futurologie pour essayer d'imaginer comment on implémenterait ça au niveau social. Ce dont les gens ne se rendent pas compte, ce que les parapsychologues découvrent, ce sont les limites du phénomène. Quand on pense télépathie ou psychokinèse, les gens voient des fragments d'omniscience ou d'omnipotence. Ils ramènent ça au divin, au démoniaque, au surnaturel et aux extra-terrestres, et en réalité, ce sont des phénomènes qui obéissent à des lois. Et ces lois permettent une régulation, permettent d'éviter un certain nombre d'abus. C'est plutôt la part de cette régulation qui est importante à communiquer. Il y a un autre aspect qui m'intéresse et sur lequel j'ai travaillé récemment, c'est celui des utopies des solidarités cosmiques (From the ecology of anomalous experiences to political ecology: Bertrand Méheust’s work in progress, NDLR). Si ces phénomènes sont prouvés, ils montrent une interconnexion à la fois entre les individus vivants, et entre la matière et tous les individus vivants. Ce type d'interconnexion peut être effectivement la base - ça l'a été dans la thèse de Jean Jaurès - de façons de penser qui ont quand même un potentiel pro-écologique intéressant. Et donc voilà comment la parapsychologie pourrait contribuer à façonner une image du monde bien plus viable.

TP: On peut penser à l'impact sur la mainmise des religions, sur des sociétés qui deviendraient plus laïques sans toutefois être déconnectées d'une spiritualité peut-être assainie, où nous aurions peut-être moins peur de la mort et où nous vivrions avec d'autres objectifs et moins d'urgence.

RE: Sur la question des religions, il y a le livre de Bertrand Méheust, Jésus thaumaturge, qui est vraiment très intéressant. Il repart de Jésus comme un sujet psi qu'il va comparer à tous les autres sujets psi qui ont été étudiés depuis et il montre finalement comment la religion catholique s'est créée à partir d'un magicien tout en niant la part de la magie dans le monde.

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D
The devil is concealed in trifles<br /> The solution of a task is its accurate information, but how to formulate a clairvoyance problem - ability to predict the future? Any such attempt has to be considered as a lottery where the probability of guessing is easily calculated as multiplication of probabilities of possible events. It isn't a lot of the events which probability interests so to go to the fortuneteller - let their no more than ten and for a month forward. Then probability of casual hit one of three hundred . It is possible to crumble all this on small squares and to force a parrot them to pull out, process apparently accidental t and not trust. Several respectable a magic sphere (a flask with water a stopper down), the twilight (some flavored candles), eyes with huge pupils (on an atropine drop in everyone). It increases service time - let till 15 minutes, but even more than a price and acquits itself. At the eight-hour working day it is 32 clients a day, in such conditions the theory of probability allows one exact hit of times in nine days, two in a row - time in nine years, three – time in 2812, and the age of the fortuneteller any more doesn't suffice. On the date of exact work there is no age of the Universe already, long-term work of the Bulgarian prophetess Vanga calls into question any more age - the Universe system. But then either the grandmother, or the Universe, or both are arranged at a little differently, than we think, as explains possibility of their coexistence . <br /> The grandmother - the type of Homo Sapiens, an origin - doubtful, i.e. all bases to apply on noble , what and busy , Both theories are based on absence of proofs at an adverse party, we will combine them – da Bog created the person from a monkey, without having left marks almost thus. Claiming that is created by God just like it, and any monkeys - as are approved by others. Let's appropriate divine opportunities and we will try to repeat it. First, we will remove puberty of years to thirteen – almost half-lives for those times and that it is admissible to reproduction only the most successful copies, the others we will feed to lions, crocodiles and in general all wishing – hunting was in those days game bilateral - not all were lucky to live to a funeral. Thereby hide intermediate results that would later become the main argument in favor of God's creation. Secondly, we will allow murder of the rival on a female what earlier never reached. For an insurance we introduce self-destruct losers - suicide unrequited love. Now we will reduce a reproduction interval, in combination with a puberty delay it will reduce a family to two accurately divided generations and blocks incest, stopping a species in development. The last stroke - elimination of the first generation at the time of lifting of the third - we will clean from life successful, viable, but the samples which have fulfilled a cycle. For this purpose we will enter the accelerated aging which could be considered as not corrected process, if not a progeria - an illness at which children die of aging that does obvious artificiality of this process. Now step back and look at what happened, and get something reverse to natural selection - directional selection, based on - internal competition, striking out at the earliest opportunity a little less successful copies. . Created constantly operating, by anything outwardly unprovoked, senseless system bring to perfection idiotic outside particular purpose, of representatives of any kind. Taking for a basis monkey not wolf - ass, we came to the same result, except that the other number moves. The only difference the unconscious desire to sing the chorus under the full moon or the ability to sleep standing up.<br /> System based on the principles of the Olympic and even worse - the losers go first, then the winners, is bound to be guaranteed safe from unplanned loss. In lower mammals it is done simple - at the time of premature death the animal inform all members of the group and thus starts the mechanism of herd population recovery - increases the number of newborns. . Effect was discovered H.S. a couple of thousand years ago, explained - Almighty God accepts the killing of animals as a gift into your account and meets the same, increasing the litter. Developed a procedure for of use of effect - the temple with steps (so closer to Him, suddenly will not notice), the altar (do not throw the dog), eye in the sky (accept Yours faithfully). Remains of equipment in good condition so far dig up. Given the rapidly maturing and prolific, this decision was the best - a closed feedback group has stabilized by the number of time and become immortal. For H.S. this is not enough - the game is very limited staff and loss of player requires immediate payment on pain of losing the game. . Given the artificially program 'Old Age', the loss is compensated prolongation life remaining, the effect is well reflected in one formulation of death - ordered to live long. The problem is solved in four stages<br /> - Diagnosis of his own death<br /> - Send a message to all members of this group<br /> - Reception of a message to each recipient<br /> - Run the program 'Old Age' in the opposite <br /> It all boils down to purely technical problems whose solutions are implemented so commonplace that do not cause even curiosity. But first a few minor considerations about the emergence, development and exploitation of the idea of ​​God. . Obligatory condition is familiarization with the idea of presence of a small ocean yacht - just so you can see flying flock of penguins under water surrounded by a friendly and slightly hungry flocks of killer whales. . Clearly perceptible at spherical layers constructions outside - old males, then young males - old females - young females - young. Such construction of most appropriately for seasonal migrations - the outer layer bear the greatest loss, the least valuable and will be easily compensated for the next journey of the inner layers. A permanent group of orcas jury has recognized organization such cruises optimal for both sides - of a different kind group is eaten away instantly and interest is not represented due to lack of. The idea to buy off the least valuable material has not bypassed HS and is reflected in the instructions rescue on the water - 'women and children primarily'. Software of such behavior is genetically laid down, depending on the age of the subconscious are introduced various parts of the program - from the unconscious ability to hide under her mother's skirt to perceived need to go against the tank with his bare hands and a wild the hope that these in the tank will simply die from laughter. Program be bound personal death, meaninglessness of life at all as the game where you can only lose, has put before the mind problem of incompatibility of life and de And then the conscious and subconscious recognized the need to creating and maintaining the illusion of immortality as a basic element of the illusion of meaning in life. Feature input into consciousness HS abstract concepts such as 'good and the Ugly' is the impossibility of entering them just a declaration - the notion to be born as a result. For this purpose the method of the Red Cap - certain qualities are assigned to certain persons - trustful Red Riding Hood, a strange mother, brave hunters, cruel Grey Wolf, a good grandmother. All this is equivalent costumes, Little Red Riding Hood - Little Red Riding Hood, hunters - a hat with a feather, grandmother - a nightcap, the gray wolf - teeth with room for growth. The plot is well known, at the end of the performance the child can audibly tell what is good and what is bad. Illusion of immortality, it was decided to build on the same principle - to create a performance, where death would be represented by no more than an intermediate finish. Get acquainted with the one of the more successful productions. <br /> <br /> Venue: earth, sky<br /> Characters: God, the Son of God, God's critters.<br /> Story - the son of God appears in the standard way on the ground, briefly describes the people about the afterlife in daddy's execution - the horrors of hell, purgatory, paradise life benefits, acquaints interested in the rules of the ten items falling thither, some of them - a personal example, so that exactly there and falls. Introduced the characters demonstrates on changeable parameters of the soul, are classified as virtues or vices - honesty and mendacity and courage and cowardice, selflessness and betrayal, predicts appropriate remuneration - hell or heaven. Performance is perfectly fancy-dress - from a loincloth, a crown of thorns and sandals barefoot to a fine white toga, huge white wings barefoot on a white cloud with a harp in hands. Brilliant musical score was awarded to separate album exit 'Jesus Christ - Superstar'. Convincing actors in major and supporting roles in, was remembered the old man with a beard in the final act, meeting his son in an aperture of clouds. . Impressively put the scene in the second act of healing - the audience are torn to the scene with their sores and drop into the orchestra. Memorable final scene - this trudging lonely figure with a huge cross on the back (symbol of redemption of human sins), the darkening clouds (a symbol of God's wrath), distant peals of thunder of a scene (the symbol a hell), the ray of the sun, rests on the top of the mountain (the symbol of soul salvation ), raging crowd (symbol unwise the flock of God. Crowned by the picture fallen from the fire grate harp (the symbol of the Lord the Will an unpredictable), and the hall sounds a horrific inevitability its theme of Last Judgment in the performance of pipe an orchestra miraculously survived the attempts to break into the spectators scene in the second act.<br /> The play is over - introduced by file, call it religion 'G. Construct a system moral orientations, no less real than axis of the Earth, and optionally their conventionality does not demand special evidence. Small enough ocean yacht - just so you can see a flying flock of penguins under water surrounded the friendly and lightly a hungry flocks of orcas. Clearly identified spherical layers, layer by layer from inside - old males - young males are - older adult females - young females – Young, Conveniently hiding behind silly ,masquerading veil their blood tenderly pushing out the weak and tasty to the massacre, the pack crosses the ocean. Such an arrangement ideally for seasonal migrations - outer layer having the greatest loss will be easily compensated from the inner layers. A permanent group of orcas jury recognized an organization such cruises optimal for both sides - a different kind of group is eaten away instantly and interest is not represented due to lack of. The idea to buy off the weakest has not bypassed HS and is reflected in the instructions 'rescue of drowning - the handiwork of drowning'. Software of such behavior is genetically mortgaged, depending on age into the subconscious are introduced various parts of the program, ranging from skill cover herself backs and ending with of Comrade conscious determination to save his skin at any cost. Software resolution of violent death at any moment, the meaninglessness of life in general, as a bargaining chip in the game 'might is right' unveiled the incompatibility issue of life and death. And then the conscious and subconscious recognized the need to creating and maintaining the illusion of immortality as a basic element of the illusion of meaning in life. . Feature input into the consciousness of abstract concepts such as 'good, evil' is the impossibility of putting them just a declaration - a concept to be born as a result, this method is used for Little Red Riding Hood. Illusion of immortality, it was decided to construct on the same principle - to create a spectacle, where death would be represented by no more than an intermediate finish. We formulate idea of ​​the play (hereinafter - ideas 'A'), it originated as a program error 'B', when instead of the team 'against a tank with bare hands' was the team of 'with a knife under her mother's skirt. Not a lot to this it is necessary - the place on the map with a temperate climate, where children one would let out on the street as sheep that without counting every evening. . But nobody ever sees construction herds a minute of danger Young out - so you can only follow in the cemetery. Only having got in process of unnatural selection to higher stages of development, you can afford this game and do not die in this. The idea of ​​'A' arose as concomitant and exists as a stray to the idea of ​​'G', could not exist on their own occupied by endless internal and external conflicts. Deprived of fresh genetic revenues stopped developing, fixing this on institution of elders, the idea strongly looks like mafia godfather to the head, which in fact is. Perfectly adapted to survive the expense of others, even the idea of their god idea borrowed from 'G 'by entering several amendments to the Ten Commandments, which perform and was not going. First amendment - God is great, and the second - the world is divided into faithful and unfaithful, and the third - two faithful, He and you, the fourth - incorrect must be destroyed in order to get there into his kingdom, the fifth - errors are excluded, you are only an instrument in his hand, the sixth-tenth - God is great. The idea of ​​"kill, until they kill you," was supported by the masses, but did not find the author. Spectacle has not been put, the file is entered multiple (at least five times a day) declaring of amendments 1.6 - 10 ass to the sky. Any other religion is on the line linking G and A of religion with its origin at G, Its task - to keep the unity of the flock of God on the way to indifferent what purpose, erase the religion in the human soul is only possible together with the soul. But the most terrible and preposterous - religion at the junction of A and G, when are combined incompatible genetic programs, result - the religion of "neither A nor G" - a strongly pronounced piety in conjunction with the complete lack of principle, parasitizes the expense of natural resources or representatives of G. It is curious that a violent confrontation A and G is meaningless in principle –; A; will always lag behind in technical equipment, G. never go to the complete destruction of ’A’ - women and children are untouchable by the rules. G, and guarantee survival for .A. - conflict A. and. G, having begun, endless. Discrepancies in individual programs demanded little current correction. Optimal form of such corrections have been recognized mass worship in specialized buildings, structure which demonstrates the closeness to Him height and symbols of faith on the top. Most accurately B.'s religion as basic is shown in standard agonal visions, surprisingly indifferent to officially professed religion.<br /> A standard scenario journey to nowhere in three parts of.<br /> At a time when the activities of the organism becomes incompatible with life, Of body suddenly stands out her immortal part – soul, and with dignity, although somewhat fastidiously, observes his material part in an absurd position under the machine, popped up from nowhere, or under unshaded lamp, And these people are wearing gloves, suddenly stopped to fuss, and a voice - "we lost him." Whom - it? This bag of bones guts out? But it is not needed, and easily waving his either ears, or wings, forward along the tube to light. But first a little formality before a long journey - a look back and suddenly there, in the back, a huge screen and a private life on it in great detail, and in the middle of the screen separately - selected episodes and the best performers. Picture at the sides is obligatory, consistent and uncontrollable, manage central screen - we have the right to enter any recollection. . In reality we are a video game console of the multiscreen, computer and transmitter. Any man in the center of the screen is identified and receives a message about the death of the addressee, sometimes indicating the circumstances e , if the brain is dying man had time see them. None of the participants aware of the fact of reception and transmission of information - plays transmitter buttons on the remote, receiver for a split second loses consciousness. Sensation as if for a moment you turned off, And terrified by the endless black void find yourself in light with a with shaking hands and wild the desire to hide in a corner and seize for someone's feet and screaming mother, mother!! But this exception is allocated for receiving special state - sleep. Son has several functions, one of them - Filtering day memory. In the filtration process of memory was accidentally discovered communication system using the gravitational strings. The message is accepted, written down, output of information will be effected in the consciousness like a dream, rem sleep only trailers roll off this system, well, how many people will remember you, dying and loving?, therefore sleep are formed purely training factors and are not retained in the minds of, all this for a few prophetic dreams that are will never be forgotten . Readiness of the brain to obtain information is due optimal in the morning, that determines the critical solutions an organism - births, deaths, and, oddly enough - executions. Still two interesting factors - language and communication speed. . External communication speed is limited by the vocal cords and the speed of sound in air. Speed ​​of telepathic communication and lot more limited by the speed of thinking, which in principle is not understood - we observe is not thinking but its results. Subconscious is preparing several technically equivalent options, providing consciousness right to decide, taking into account the moral factors, if any. . Actual speed is observed in two cases - the critical situations, crisis situations this makes illusion of time dilation an effort of will, and in the dream - when the plot clearly does not fit into the external time. To transmit information uses a built language of the brain - non-national, common to all warm blooded mammalian that is caused common origin. Existing of languages spoken only external reflection of internal different degree of accuracy and numerous attempts speak only about their imperfections. So the message is accepted, entered the conscious mind a prophetic dream, but this is optional. Required is to run in the opposite direction of the program 'Old Age', which was organized of the body building program method closing the eyes on own mistakes. Now it has the right to open the eyes and make major repairs an organism - a mere trifle for her we had built almost nothing. Ultimately it will add 5-7 years of life each addressee, and sum overlaps the years lost by the sender. Such is simple little feedback system is not more complicated locomotive.<br /> Part Three - flying in complete darkness to something blindingly bright, but not blinding. . Sometimes this subject is made out as traveling in a tunnel or flight in tube, ahead - desired cloudlet with harp, but first - a meeting with native and close the dead. They are not dead - have simply left off somewhere, because is no death, has a small picnic on the riverbank, white tablecloth on the grass, dim down to the sun through the morning mist. Hi guys, I'm so bored all the time, catch up someone on the street to look into in the face and apologize. Fine, it's over, and we are together forever. Whence crackling and smell of burning skin, burning sensation in the chest, face masked through a luminous mist, strange words - heart launched breathing on their own? Lord, who allowed them to take me out of here? And how much easier to live now, knowing all. And as far as all of this fairy tale, it is better not to know.<br /> A standard scenario journey to nowhere in three parts of. View outside and from within.<br /> The moment when the activities of the body becomes incompatible with life, consciousness suspended from the body, all obtained information used to create a virtual reality, Introduced into the mind as a remote observation of the body of the soul - his own death rather watch from the sidelines. The next program number - farewell to relatives on TV, but only after the diagnosis' own death. Farewell process takes time, and though even there is no obstacle guillotine, the diagnosis is advanced. This is noticeable in cases where the real possibility of instantaneous mechanical destruction, head-on collision on a slippery road or swimming in the gale, in such cases, the program ignores the of formality and leaving the consciousness of body control runs immediately with the second act - on the background suddenly stopped the truck or stiffened of waves unfolds a huge screen on which own life, in the minutest detail, etc. supra. Part Three - the flight to light - no more than mandatory for each tale happy ending and another does not make sense. The dream of immortality, as embodied in the idea of ​​God leading off us through life like a carrot before a donkey nose, whether from vanity, whether from unsayable in life, she goes on stage in all the splendor of the software. To begin with - the light in the hall for a single spectator and let it be a grass by the river, dim the sun through the morning mist. Add the viewers - hi guys, I've always known that you are not dead, have simply left somewhere, and on the stage - 'Jesus Christ - Superstar'. Admission is free. The program - boat rides on the Styx, for those who want - just walks on water, skid of the cross up the hill, dinner for thirteen persons in the head remains the a strange piece of the phrase 'thrice will indeed deliver not yet the cock, simulator 'treadmill' and the old Jew on it, barely moving his feet, under the glass - pouch in the blood plate - 'Thirty pieces of silver', a complimentary souvenir - a crown of thorns, a life-size, near the crowd - in the opening clouds barefoot old man in a white sheet, some reason without touching the ground feet, hugging her son, behind the scenes, after numerous dangling of wings of all sizes, but one color, a huge screen on all wall.. Video game 'Ask me' instruction - 1. mentally ask question. 2. Tell or say the magic word 'please'. 3. Answer on the screen. In contrast to Part Two, demonstrating only personal memories, indifferent to the game characters and does not distinguish between past and future, time it has no. Life of any person can view from birth to death, the fact that he was not born yet, does not matter. At this show is over, then - nothing, except that the defibrillator. If the output of the soul from the body worked out and no doubt, that back in the director's staging copy does not exist, and although the script was first published two thousand years ago, the changes in him not been amended, therefore the soul suddenly without any preparation, turns out his own body with a tube in his throat and breast fuming. Virtual reality attraction embarrassingly to the psyche, but at different soil grain will germinate in different ways -- At normal rise a true Christian, wise will give birth prophet, poky spew of the false prophet. One more effect - a game number two, that is included on outstripping the diagnosis was calculated as disposable - only capable of brain death to stop her. Enough to look at all, just to remember once he had seen a man to a game automatically and uncontrolledly fully realized. Result - correction of the human organism for the main program, received from father and mother. Two dozen such memories by hundred forty minutes at intervals of a day or two enough to bring the body back on 5-7 years ago. The resulting use of the game has several names - witch, healer, psychic who in fact, we have a programming error - it was enough to introduce Forced stop, and not rely on the accuracy of diagnosis. There are a number of diseases - epilepsy, heart valve defects, prostate adenoma, uterine fibroids, melanoma, and others for which there is no other treatments - surgical does not count, the consequences are often worse than the disease itself. Access to healing provides only own death, but there are witches born - they are made by another recipe. The only way to identify a healer - check-encephalography fast sleep phase in a patient in advance uncoordinated point in time, while the distance is irrelevant. Sensations of the patient in this case are similar to the sensations the fetus in the womb - There organism builds, rebuilds here, and even himself in the stomach with leg beat. All this is obvious and verifiable interest represents only indifferent to distance communication method 'brain - the brain', Here for the first time over the past million years as a carrier of information for gravitational interaction. In spite of number of advantages, the method does not find application in view of apparent shortcomings, and if the brain is struggling with them by closing the eyes, it is technically impossible to organize this procedure. Explore some of the properties of gravitation.<br /> The universe as illusion <br /> Let's define speed of distribution of gravitation. The gravitational interaction is carried out on a line connecting the centers of mass - let it be gravitational string. What the properties their? Move the mass of a variety of gravitational strings we choose two strictly forward and backward through the direction of motion. First compressed, second be stretched, are formed two zones - compression and rarefaction, and each tends to return the mass to its starting point. Having displaced mass, you need to hold it up to the moment when the waves of compression and rarefaction not disperse throughout the length of the string gravitational. But in an infinite a flat Universe it does nothing - for any finite speed of gravity is infinite retention time. We close the universe. Compression and rarefaction waves absorb each other, remained the retention time - time of wave motion in a circle. Suppose that retention time zero. Then the inertial mass is instantaneous gravitational reaction of a closed universe. Einstein proved it more elegant. If the gravitation is the curvature of space, the infinite line is closed - moving along it, we will return to the starting point, but back to the starting point possible only in a starting time, duration of the motion is zero - that is gravitation is spread outside speed, outside of time. Newton's idea, Mach's principle, the proof of Einstein - all have long known, but some consequences are little interest .So: Inert mass is the instantaneous gravitational reaction of a closed universe<br /> -but if space is closed, the time also closed <br /> - but then the universe has no beginning and no end<br /> - but then the lifetime of the universe is zero<br /> - but then the universe has an infinite set lives<br /> - but they are not necessarily identical<br /> - but then it at everyone the set of interactions.<br /> - but then, perhaps, there exists at least one set of interactions that closes the time and space at infinity - and all of this in parallel, i.e. summed.<br /> - but then it begins a movie - if the sum of the infinite set virtual-lethal U. in the amount is zero plus dark mass, an infinite set of identical, virtual immortals-V, create the illusion of a real U. Namely illusion - any attempt to understand the structure of the microcosm gives the opposite effect, because on the one hand reduces the density of the real V, and the other makes visible the process of bringing to zero amounts of virtual - appears interactions that do not have any right to exist. Great idea to of knowing the world generates phantoms - and what to do now? It is curious that a closed space is reflected the principle of equivalence, closed time - the uncertainty principle, both naked fixation - the devil knows why, but it is no coincidence are heavy and inert mass, and any attempt to understand the structure of U. generates strictly opposite result. Both obvious artificiality-than justified their continued presence?<br /> A gravitational string can be represented as a single photon after circumcision fourth coordinate - time, longitudinal wave, launched on this line goes both ways in time and in terms of the HS is a timeless nonvolatile of data storage device. Every day is completely written in short-term memory and almost no different from the previous one, but why should upload memory copies? More economical to take the averaged on days option and then write only day difference film demagnetize for repeated use. . The venture was a success partially - the erasure process some reason led to rewrite information on the gravitational string, and this basket of garbage proved to be bottomless, nonvolatile and always with you. Brain unexpected for itself released from responsibilities the storekeeper in a landfill, leaving himself a card file on all of the information system find the desired strings, to make copies of and issuing it in the consciousness. Sharply grew capabilities of the brain - was made possible finally to invent name the animals, to raise his eyes - and to see the stars, to group them into constellations and give the names of animals ascribe born under the constellation properties animal in the title and send it to everyone on the Internet calculated on computer horoscope - no animal is comes to similar idiocy. In the operation of the external memory has surfaced side effect - bilateral use of single strings, in the future on the effect was established communication 'brain-brain', but first brain threw a tantrum - in memory unexpectedly appeared information that was not appear in the card index. When malfunctions card files on personal, and a dual lines into consciousness appear the timeless information - personal script of death in all the details and the exact date, seen in a dream - yet the most terrible. Every person after switching the external memory wears in itself all the information obtained in the future, together with the illusion its gradual accumulation - that is the fear of being. Illusion rests only on extremely precise work card file, blocking entry into consciousness the unregistered information. Failure of this system makes the brain indifferent to the sources - now any string is considered as a personal [for capturing the string necessary look into the eyes] and possible to log in into someone else's brain and in a quiet voice - 'What are you going next? Cause of death? – from such life and die, if you will ask stupid questions. 'The problem of clairvoyance is that the information impossible to use - all attempts to change the course of events already included in the course of events, and therefore meaningless. Had explored three ways to solve problems<br /> - method of closing at her eyes<br /> - self-destruction [a massive breakthrough a timeless formation provoked the depression and suicide]<br /> - predictors to the stake with the original motivation - undesirable events are specially made<br /> Approved by all - and long live the dream of universal education of the population of telepathy!<br /> Knowledge of future creates the illusion of predestination and meaninglessness of life, will deprives kills the soul, making creation of God in a trembling creature. Billions transceivers model HS with the dream of communicating outside of space and time - what a cruel joke on the part of the Creator.<br /> Thus grandmother and U. are created strikeouts intermediate results is created the false impression that both – nowhere. There is an unhealthy desire to dump their appearance on the Global Mind, aliens or God. Leading idea of ​​God, now called the Big Bang.<br /> Divine origin of the soul<br /> For the evolution of life enough puddles of water for of development - the ocean and palm trees on the shore, but why should this fantastic brain redundancy model H. S.? - to sit on a palm tree and to eat bananas mind and conscience are not needed. Existence in the medium earth - water - air gave growing volume vital information with limited memory and what to do? Brain has established the archiver. It turned out that the compression of vast amounts of information brings out basic laws of nature. Then the archiver found chains of events in heaven and on the ground - movement of the sun, the Moon stars, eclipses, seasons, floods, and took advantage of it. Sometimes successfully. It remains to remove the processed information and unexpectedly erasure process found to be reversible. Brain has built on this external memory, copied there all is that could. The vacated place was taken the archiver. It became clear that such a memory the archiver does not need. Having remained out of work, the archiver suddenly change their actions on the reverse - pieces of what was once was something, began to collect something that has never been - has shifted from science to art, started to compose. Sometimes successfully. Enormous range of `art` determined precisely its aimlessness. The strange alliance of daffy archiver and boundless memory spawned rational soul. You can create multiple of planets with perfect climate around the yellow star, populate every creature on the pair and after millions of years to discover at best the beautiful landscape. . Mind - play of chance, should fall out four consecutive cards<br /> - Installation archiver<br /> - External memory as accidental find<br /> - All on an external storage device<br /> - Archiver with reverse logic to free space<br /> And a little place for the soul.<br /> Likelihood of this combination is so tiny that undeniably divine origin of the soul.<br /> Now we have enough puzzles to combine picture 'Grandma Wanga predicts doom submarine "Kursk" eight years before the maiden voyage’. Picture easily assembled from four fragments<br /> - Communications system on the gravitational strings a side effect of external memory<br /> - blocked card index not distinguishing his and others<br /> - Habit women to dig into someone else's linen<br /> - Closed universe.<br /> A psychic healer<br /> - Feedback system within the species HS in order to stabilize composition<br /> - Permanent access to healing by diagnosis 'own death'<br /> - Availability a brain in his head, the game is not obvious, admission due to massive resuscitation receive thousands, units used, it does not having<br /> - Closed universe. <br /> Telepathy<br /> - communication system on the gravitational strings a side effect of external memory<br /> - sided a blocked card file<br /> - Information goes in parallel with the time synchronization that to avoid the timeless information<br /> - Closed universe.<br /> Participation in one picture does not guarantee participation in the other. Each access is tragedy and the occasion most of condolence - pressure of side effects aside madhouse not decorate life. Attempts to create an untenable situation and to provoke access can lead to unpredictable consequences and is not recommended.<br /> The massive use of brilliantly secretive system of absolute ties within each instance of HS can only be regarded as an open mockery of communication systems, invented by HS. Externally he has only a development of the ideas of fire and drum -- spraying modulated energy in the hope that one of the recipients will be the only one to whom it is intended, assured effect - heating of the Universe. Now you can assemble kit of absolute communications external use - within the Earth in this particular need does not exist, although maybe be, there are fans communicate through ball. The only problem - access to timeless information is solved synchronization unit and a ban on the intervention up to self-destruct with the user. As everyone the boy having seen feminine panties dreams of elastic band for a slingshot, so of course someone be interested how to aim and push that to the survivors do not want to compare in the future force. As everyone the boy having seen feminine panties dreams of elastic band for a slingshot, so of course someone be interested how to aim and push that to the survivors do not want to compare in the future force. We recommend an absolute psychological weapon - To do this communication unit being upgraded by pulling out of synchronization with the replacement unit to unit setting arbitrary time and connect s to the Internet. Now you can conduct a dialogue with itself across time - to begin with drop in fifty years ahead and ask for video information of the death of the main rivals. Nothing pleases in life as a spectacle own funeral, even the sight of his beloved wife, in her wedding dress, coming out of church hand in hand with some man. But the emergence of a quality information will interest not only the deceased, in the chain of manufacturers will be found a weak link and policy responses will be no less pleasant. This will simplify the procedure for issuing documents - birth certificate, school certificate, diploma institute the death certificate and place in the cemetery will give out simultaneously. But is it worth contrive exchange such of courtesies only because at someone feminine panties induce an unhealthy reaction?<br /> Attempt to collect medical and diagnostic system also fails. For purposeful and observed treatment healer brain and the brain of the patient organize the exchange of information, to simulate this process it is impossible even theoretically.<br /> An interesting application would be communication with other civilizations - we are only one of the options intellectual matter, but just as a tribe in the jungle represents only ethnographic interest - songs, dance sand customs and our civilization is no more than an occasion to compare. Attempt to slip with help of others stage of development produces the opposite result, then still have walk this path alone, contact start with songs, dances and hopes for the crumbs from someone else's table. Else our smart kids two hundred years through intercept the communication lines and start to the game with us - as not to disgrace in front of extraneous civilization that exit to large driveway with space poster 'Give something! '. And we will philosophize under a cap, confident in own Universal importance, remembering as everything began with a parrot on the market, pulling from the polished box accurately cut small squares with destiny.<br /> Abridged version<br /> How little it takes to get a feel like a giant - just go out to the pier, reset into the water ends of the yacht and push her, realizing that not rusty a vessel and creaking pier - push apart Universe. The universe is infinite, but only because the ends are closed and there is no speed to serve its gravity, and it is not necessary - for the universe without end - interaction without speed. Take a a virtual photon minus the time - as a result of gravitational string without any notions of time and space, it is the perfect toy for the occasion. Information in any form is primarily a free parcel in time, any long-range - the transmission of information, the gravitational string is no exception. Brain grabbed it, and the first thing he did - parcels to myself, has turned nonvolatile external memory. Focus has long been known - using all the received information, the brain is not able to contain it, and he does not contain, handing it in to the timeless storage. But gravitational string attached two points, but then the second point is also someone's brain? Then your memory gets a co-owner and not necessarily that HS and it is not always tactful. Therefore, if favorite dog sees off you on a couple of fillings to the dentist in a low strange howl from whom random passers automatically remove hats, and in the sky suddenly start to soar vultures can rest easy - afterwards anesthesia mouth will close with eyes.<br /> Availability a co-owner creates another interesting effect - the absolute connection between them. The minimum distance at which the connection starts working - circumference of the universe and the death of one of the owners is no reason to stop it. Us stayed sheer nonsense - do the same external use, too everything just if evolution found it possible to embed it in every warm-blooded. But why so strange combination of absolute communication and the fine conspiracy, what horror is behind a free access to timeless information if refusal of it became optimum option? Here a problem without a solution.
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