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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Stéphane Allix - Lorsque j'étais quelqu'un d'autre

Stéphane Allix est un journaliste que j'aime tout particulièrement. D'une part, il se dégage de cet ancien reporter de guerre un profond respect de l'humain, mais c'est aussi quelqu'un qui s'intéresse depuis 20 ans à différents phénomènes considérés comme paranormaux et qui semble faire un travail sérieux d'enquête dans ce domaine. La sincérité de sa démarche ne me semble souffrir aucun doute. Auteur d'un premier livre Le test qui racontait à la première personne son enquête auprès de 6 médiums, et concernant un protocole mis en place suite au décès de son père, il récidive dans un ouvrage paru en 2017: Lorsque j'étais quelqu'un d'autre.
Tout part d'une rêverie éveillée lors d'une méditation où lui viennent des images de la mort d'un soldat allemand à cause d'un éclat d'obus, dans un terrain enneigé près d'un véhicule blindé, un nom "Alexander Herrmann", un grade "obersturmführer", le nombre 25, et la vision d'un autre homme et d'une petite fille. Cette vision est pour lui obsédante au point qu'il va chercher sur Internet si ce nom existe. Et sa surprise est grande quand il s'avère qu'en effet une personne portant ce nom et ce grade a réellement existé. La stupéfaction passée, il s'ensuit alors un minutieux travail d'enquête avec l'aide de deux historiens qui malgré le caractère insolite de la recherche (un nom venu en rêve!) acceptent de collaborer avec lui, puis d'une généalogiste allemande à l'efficacité redoutable, et enfin un travail de terrain en Allemagne où est né et a grandi cet ancien SS puis en Russie où il est mort à 25 ans, ayant reçu un éclat d'obus dans la gorge, et où son corps se trouve toujours. Le tout saupoudré de synchronicités très troublantes
Stéphane Allix a le sentiment d'une connexion profonde entre lui et cet homme malgré le profond dégoût que lui inspire son parcours au sein des SS et de la sinistre division Tête de Mort, après une formation au camp de Dachau, et dont l'une des premières missions a consisté à aller exterminer des juifs en Pologne en tant que responsable d'un Einsatzgrupp. Et tout au long de l'enquête, il prend conscience que son parcours professionnel qui a débuté à 19 ans en tant que reporter de guerre en Afghanistan, son envie de prendre les armes, sa fascination pour les combats, et sa terreur lorsqu'il s'est retrouvé un jour au milieu d'un échange de tirs d'artillerie entre Russes et moudjahidines, que tout cela n'est pas le seul fruit du hasard mais une résurgence de cette connexion avec ce soldat allemand. Stéphane Allix croit en la réincarnation et envisage d'avoir été cet homme-là, ce qui lui pose un énorme problème de conscience.
Ce livre pose évidemment de grosses questions sur notre compréhension de la réalité. Il va frontalement à l'encontre du consensus scientifique. On peut tour à tour y voir une tentative frauduleuse et consciente de surfer sur la vague new age, une série de coïncidences, troublantes certes, mais qui ne remettent pas en question les lois de la physique, ou encore une forme de cryptomnésie non assumée. On peut aussi envisager que le réel ne se laisse pas aussi facilement enfermer dans des équations et que les choses soient finalement plus larges que ce que nous croyons en savoir. Et on se retrouve à notre tour pris au milieu des tirs entre les sceptiques pour qui aucune preuve n'est suffisante, et ceux qui croient et pour qui aucune preuve n'est nécessaire.
Stéphane Allix - Lorsque j'étais quelqu'un d'autre
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