26 Octobre 2024
Le mois d'octobre touche à sa fin. L'automne s'installe, chassant l'été toujours plus au sud. Les nuées d'étourneaux qui préparent leur grande migration annuelle dessinent dans le ciel des géants fantastiques qui semblent doués d'une conscience dans leur danse harmonieuse. J'ai appris récemment que les mouvements d'ensemble de ces oiseaux ne sont imprimés ni par les individus de tête, ni par ceux qui constituent l'essentiel du groupe, mais par les oiseaux qui sont aux marges, sur les côtés. Ces mouvements magnifiques sont ainsi le fait de quelques oiseaux exposés à l'extérieur, tandis que le groupe en peloton suit la dynamique d'ensemble sans s'interroger. C'est dire l'importance des marges par rapport à la norme ! Les marges sont au groupe ce que le berger est au troupeau, peut-être tout simplement parce que les individus en marge ont souvent une meilleure vue sur le monde extérieur que ceux du pack, plus occupés à suivre la marche du monde.
Ces guérisons qui défient la science est le dernier-né de l'auteure et expérienceuse Fabienne Raoul. Paru en octobre 2024 chez Harper Collins, son titre me parle au plus haut point. J'aime en effet tout ce qui défie la science, tout ce qui vient interroger les certitudes, le sens commun, ce que l'on considère comme des acquis. J'aime tout ce qui vient insuffler le mouvement de la vie dans un édifice qui a une tendance naturelle à se reposer sur ses lauriers, à s'enraciner et à s'académiser. Les idées ne sont jamais aussi stériles que lorsqu'elles sont arrêtées, et une connaissance authentiquement vivante est le fruit d'une science en mouvement.
Ainsi, dans les marges de la médecine, de nombreuses guérisons sont rapportées qui viennent démentir catégoriquement les prédictions des médecins. Telle personne en phase 4 d'un cancer se rétablit après un shutdown de ses organes vitaux après avoir rapporté avoir vécu une expérience de mort imminente. Telle autre personne voit des tissus nécrosés se reconstituer après une méditation. Telle autre personne encore guérit d'une maladie chronique installée depuis plusieurs années après une consultation chez un magnétiseur. Ces guérisons existent, que la médecine et la science s'y intéressent ou pas. La plupart du temps, les médecins en charge de tels patients se contentent de valider la guérison et d'en documenter le caractère insolite, mais ça s'arrête là. Soit la curiosité n'est pas au rendez-vous, soit le temps et les compétences manquent, soit la pression de la norme bloque un mouvement qui conduirait immanquablement aux marges et le conformisme bloque toute velléité d'en savoir plus. Pourtant, la science avance véritablement quand elle se focalise sur les anomalies, symptômes d'un territoire plus indocile que la carte.
Or ces guérisons, extraordinaires, ne se laissent pas enfermer dans des explications simples ou toutes faites, et c'est ici que naît ce défi du réel face aux modélisations de la science. C'est ici qu'il nous faut des humain.e.s audacieu.ses.x pour le relever. C'est ici qu'il nous faut des personnes comme Fabienne Raoul. Ingénieure de formation et de profession, spécialisée dans la structure de la matière et dans le nucléaire, elle vit en 2003 une EMI suite à un incident cardiaque qui survient sur son lieu de travail. Cette expérience qu'elle décrit dans Mon bref passage dans l'autre monde va la marquer profondément et amorcer une transformation qui va l'amener à quitter sa profession pour s'orienter vers la spiritualité et la sophrologie. Si l'humain et l'intuition sont au coeur de sa démarche actuelle, sa méthodologie reste néanmoins profondément scientifique. Les deux approches n'étant pas mutuellement exclusives, Fabienne Raoul a un pied dans la science, l'autre dans l'invisible. Et une quête aussi: celle de réconcilier ces deux mondes. C'est en cela que je la rejoins tout à fait !
Cette EMI de 2003 lui a ouvert à la fois les yeux et le coeur: les yeux pour voir ce qui est visible, en particulier en vision périphérique comme ces guérisons incroyables, et le coeur pour accéder aux mécanismes a priori invisibles qui les sous-tendent. Car il doit bien y avoir une cause et un déterminisme qui amènent à ces guérisons. Mais pour cela, il faut s'en donner les moyens: d'abord constituer un corpus, une base de données, documentée de façon aussi détaillée que possible, puis il faut chercher des corrélations. La méthodologie scientifique a ses exigences, et les corrélations sont les prémisses de la compréhension des mécanismes en jeu qui iront forcément enrichir la modélisation des mécanismes déjà compris.
Dans Ces guérisons qui défient la science, Fabienne Raoul fait une revue transversale des études les plus récentes qu'elle documente dans des encarts qui aèrent la lecture. J'ai ainsi appris qu'une transplantation d'un microbiote fécal sain chez des patients atteints de la maladie de Parkinson amène de façon notable à une amélioration des symptômes moteurs. La curiosité est payante ! Peu à peu, l'inexpliqué se déplace vers l'expliqué et l'on peut explorer d'autres pistes de guérison, comme "l'équilibre physique, psychique et émotionnel, [...] qui rejaillit sur toutes les fonctions du corps en lien avec notre système immunitaire." Le champ d'étude commence à intégrer la psyché - ce qui est un peu déconcertant pour une médecine qui ne s'intéressait qu'au corps matériel - et l'on peut s'intéresser aux effets placebo et nocebo, qui sont des faits observés, mesurés statistiquement mais fondamentalement incompris. Je repense à Miriam Gablier et à son Corps extraordinaire qui ne parle pas d'autre chose. Ces études prennent du temps parce qu'il faut explorer l'histoire psychique et émotionnelle de cohortes de patients et tenter d'établir des liens avec des maladies et des guérisons déclarées, mais elles valent la peine. Cela me parle évidemment beaucoup puisque j'ai vécu une guérison profonde suite à une unique expérience inspirée de la thérapie primale d'Arthur Janov. En poussant la curiosité encore plus loin vers les marges, Fabienne Raoul s'intéresse aux magnétiseurs, aux guérisons qui font suite à une EMI, à celles qui sont consécutives à des prières, et aux guérisons miraculeuses reconnues comme telles par différentes religions. Les faits sont têtus et le champ de recherche est immense !
J'ai apprécié Ces guérisons qui défient la science, la lecture est fluide, les explications sont accessibles et les chapitres, bien construits. Et bien que mettant l'accent sur ces phénomènes des marges, la démarche reste profondément scientifique, ce qui est une condition nécessaire pour moi. Une lecture qui par contagion ouvrira les yeux et le coeur.
Ces guérisons qui défient la science
Guérisons inexpliquées, miracles : ce que nous enseignent ces phénomènes hors du commun Alors qu'elle a trente ans, Fabienne Raoul, ingénieure et scientifique convaincue, guérit de façon ina...
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