Vanité

Je ne veux pas mourir, je ne veux pas t’éteindre
Je veux te voir sourire et ne plus jamais feindre
Je veux l’étonnement toujours au fond des yeux
Et ne jamais tiédir de trop devenir vieux

Je veux être léger mais pas inconsistant
Je veux être dispersé mais pas incohérent
Je veux te bousculer tout en te caressant
Et te mettre en danger tout en te protégeant

Il y a tant de beautés perdues au fond des ventres
De larmes retenues qui souvent nous décentrent
Trop de peurs acceptées et si peu de confiance
Et ces clous dans nos pieds qui entravent nos danses

A fréquenter les marges, à trop hanter les franges
Dans ma quête de diamants, j’orpaillai boues et fanges
Côtoyant les fantômes et les âmes égarées
C’est dans ces brumes obscures que je te rencontrai

Nous fûmes paupières closes et cousues par le sperme
Griffant nos doigts au sang et sillonnant nos dermes
Vacuités frottées qui jamais ne se comblent
Consumés par nos feux, coeurs réduits en décombres!
Tout cela n’eût qu’un temps, que jeunesse se casse
Certes il fallut le vivre pour que nos corps s’en lassent

Je veux nous voir désormais au-delà du plaisir
Je veux nous savoir libres détachés du désir
Quand nos envies accoucheront enfin de l’Amour
Que nous ne serons plus, ni aveugles, ni sourds
Je veux pouvoir me dire en te sachant sereine
Que nos vies imparfaites ne furent pas tout à fait vaines