Sempé - Saint-Tropez

Un petit bijou de poésie et d’ironie glané sur une brocante au bout de la fin des terres. J’ai ri devant cette critique tendre et lucide à la fois sur ce petit port de pêche qui compte 3.000 habitants en hiver et 80.000 en été. Publié en 1968, au faîte de la gloire tropézienne boostée par une Brigitte Bardot de la Madrague qui avait tout de la déesse et par des gendarmes malhabiles et sympathiques, et à l’aube d’un changement de monde qui mènera à la fin des trente glorieuses, cet album illustre à merveille l’instinct grégaire de l’humain, le rêve de modernité et d’aisance matérielle qui débouche sur l’ennui profond, les riches comparant les vertus de Mao et de Marx, tout en soulignant les côtés assez globalement mesquins des animaux humains dans ce que "les sociologues appellent une civilisation". Je ne connaissais pas ce côté caustique de Sempé et en toute honnêteté, j’ai adoré !