Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Jean-Michel Maulpoix - Rue des fleurs

En poésie encore plus qu'en prose, la subjectivité est reine, surtout lorsque comme moi, on a une culture vraiment limitée dans le domaine. Non équipé des outils académiques de déchiffrage et manquant cruellement de références, je me fie à ce qui résonne en moi à la lecture d'un texte. Face à la poésie, je suis ce visiteur dans un musée d'art contemporain, sans guide, avec peu de repères intellectuels. C'est pourquoi je me fie beaucoup aux recommandations extérieures, je prends la main de qui veut me faire découvrir un chemin. Et pour le reste, j'y vais au hasard et à l'instinct.

Quand j'ai découvert le bandeau "Goncourt de la poésie 2022" sur Rue des fleurs, un recueil de Jean-Michel Maulpoix, je n'ai pas réfléchi, je l'ai acheté, la curiosité vissée au corps. Je savais déjà que Christian Bobin - un poète qui me touche au coeur et que je découvre très tardivement - avait reçu ce même prix à titre posthume en 2023. Ce bandeau était prometteur.

Mais dès les premiers mots, j'ai ressenti ce que je ressens face à une toile de peinture naturaliste ou réaliste: un manque, quelque chose qui ne vibre pas, et qui fait que je n'arrive pas à me connecter à ces tableaux descriptifs pour en ressentir la vie qui pulse.

Au centre aéré

Devant la grille vert pomme du centre de loisirs
Les autobus débarquent le mercredi leurs équipages d'enfants tristes
Comme un éboulis de jouets en vitrine du magasin de couleurs
Où l'on vend des poupées de coton et des oiseaux rouges en carton

L'écolière bleue traverse la route en sautillant sur les clous blancs
Elle caresse d'une main furtive le mufle des automobiles
Qui voudraient bien mais n'osent pas
Poser sur ses joues deux gros baisers sonores

L'intention ne m'apparaît pas comme une évidence. L'écriture me semble trop superficielle, elle ne décolle pas de la matière, du papier, ne m'emporte pas avec elle. Les mots restent des mots, la magie ne prend pas. Je continue ma lecture, poème après poème, en espérant y trouver des fulgurances ou recevoir des claques. Mais elles ne viennent décidément pas, même si parfois quelques phrases laissent espérer un envol. Je suis comme un enfant, cerf-volant en main, qui attend le vent et espère à chaque petite brise que ce sera la bonne. Mais le cerf-volant retombe à chaque fois.

Pluie

Il pleut
La transparence
Au cou des choses
Se précipite
C'est l'heure
De la distribution

D'invisibles cailloux
Ricochent
Contre la fenêtre
Qui pleure
Sans essuyer ses larmes

A la suite de cette lecture, je suis allé lire les conditions dans lesquelles ce Goncourt est attribué et j'ai été rassuré de voir qu'il ne récompense pas un recueil en particulier mais une personne pour l'ensemble de son oeuvre. Je dois reconnaître que ça m'a rassuré. Je suis sans doute passé complètement à côté de ce recueil en particulier, peut-être par manque de culture, peut-être parce qu'il ne m'était pas vraiment destiné. Il est tout à fait probable que l'oeuvre de Jean-Michel Maulpoix soit d'une tout autre envergure et c'est pourquoi, je serais heureux que quelqu'un m'indique d'autres recueils de ce poète qu'il ou qu'elle considère comme vraiment bons, pour m'aider à temporiser voire même à effacer cette première impression toute en déception.

Jean-Michel Maulpoix - Rue des fleurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article