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Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Jacques Mouriquand - Que sais-je ? L'écriture journalistique

J’ai terminé un Que Sais-je? ce matin sur l’écriture journalistique à la saveur d’une madeleine de Proust.
Petit retour 28 ans en arrière, lorsqu’à 17 ans, j’ai intégré l’école de journalisme Nouvelles à Nice. Une année d’études qui me vaut toujours un lever de sourcils interrogatif à chaque entretien professionnel tant elle fait tache sur mon parcours de scientifique reconverti à l’informatique. Qu’est-ce qui m’a pris cette année-là, après une première année universitaire en physique, de vouloir devenir journaliste ? L’idée s’est présentée un jour à moi via une amie qui s’y était inscrite et ce changement drastique d’horizon m’a immédiatement séduit. Elle a largement moins séduit ma mère en revanche, de sorte qu’il m’a fallu travailler en restauration pendant un an pour financer ce qu’elle considérait comme une excentricité. Un travail qui m’a aussi permis de payer mon permis de conduire.
J’y ai donc suivi des cours d’écriture journalistique pour la presse écrite, la radio et même la télévision, commencé à traiter par la pratique ma phobie de la prise de parole en public, suivi des cours de psychologie passionnants, intégralement avec des professionnels, et assisté à des rencontres avec des personnalités comme PPDA. La discipline imposait de lire un livre par semaine, d’apprendre un nouveau mot par jour, de regarder le JT de TF1 pour en faire une analyse de forme et de fond pour le lendemain matin, et de faire également une revue de presse écrite quotidienne. J’y ai pris goût à l’écriture, me suis ouvert au monde, et j’en retiens que l’objectivité n’existe pas.
Je n’ai malheureusement pas terminé cette année, ma mère me mettant une pression énorme pour que je réintègre mon cursus pour devenir ingénieur et ne devienne jamais un "fouilleur de merde", selon ses propres termes de l’époque. Une guerre d’usure et des nerfs qu’elle a fini par gagner.
Quelle aurait été ma vie si j’avais été jusqu’au bout, jusqu’à la carte de presse? Aurais-je intégré Nice Matin, Var Matin ou FR3 comme première expérience? Ou aurais-je choisi la voie du reporter indépendant? Je n’en ai pas la moindre idée.
Toujours est-il que cette année 1991-1992 m’a énormément apporté. D’une part, j’ai acquis les bases d’un métier de cœur et appris à manier des outils complémentaires à ceux de la science pour la recherche de la vérité. Des outils que je continue d’utiliser au quotidien dans ma vie. D’autre part, mon expérience en restauration m’a permis de me faire les dents dans un monde où l’humanisme n’est pas la valeur étalon. Et j’ai appris au passage qu’il existait un univers culinaire au-delà des spaghettis à l’emmental !
Je ne suis pas devenu journaliste, je ne suis pas devenu chercheur mais je reste fasciné par ces métiers qui gravitent autour de la recherche de la vérité, et qui entretiennent des rapports complexes avec elle. Aujourd’hui plus que jamais, l’information est le socle de notre société. Journaux et programmes rivalisent de créativité pour retenir notre attention devenue objet d’une économie, comme aux beaux jours de la presse écrite quand il fallait accrocher un lecteur par un titre efficace, lui promettre un article digne d’intérêt grâce au chapeau et ne pas le lasser en ponctuant la lecture d’intertitres. Finalement, le persuasive design qui fait les beaux jours des GAFA n’est que l’aboutissement d’une démarche initiée par les journaux au XXème siècle et visant à rendre le lecteur captif pour vendre du papier... Car c’est le paradoxe fondamental du métier: la vérité a besoin d’argent pour être mise en lumière alors que l’argent a besoin d’opacité et d’ombre. Intérêts des journalistes et des entrepreneurs/politiques qui se télescopent. Problème insoluble...
Sciences physiques, journalisme, informatique (un mot qui condense information et automatique), finalement mon parcours universitaire, avec la recherche de la vérité et l’information comme dénominateurs communs, n’est pas si incohérent que cela.
Jacques Mouriquand - Que sais-je ? L'écriture journalistique
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