J'ai arrêté de lire Amélie Nothomb il y a bien longtemps quand j'ai remarqué que j'achetais ses livres plus par réflexe collectionneur que par réel intérêt. Lassé du style post-adolescent gothique khâgneux mâtiné de champagne de ses fictions, j'ai réalisé que cela ne me provoquait plus le moindre intérêt. Ses tranches de vie autobiographiques en revanche m'intéressaient plus, avec le regard à la fois lucide et chargé d'auto-dérision qu'elle porte sur son propre passé, ainsi que sur celui de sa famille, sur fond de Japon, de Chine ou de Belgique. Parce que son enfance a été loin d'être banale, trimballée d'un monde à l'autre à la suite de son père, diplomate féru de culture, ce père a été absolument le mythe fondateur du phénomène littéraire Amélie Nothomb. D'un certain sens, elle lui doit sa carrière en plus de sa vie. D'une certaine manière, ce dernier livre qui lui est consacré en est l'hommage et le remerciement.
Ecrit à la première personne du paternel, la biographie s'ouvre sur la scène finale des événements de Stanleyville au Congo de la rébellion Simba qui ont vu ce père jouer un rôle déterminant dans la gestion de cette crise en gagnant du temps, en contribuant à épargner des otages, en participant aux interminables palabres. Puis, l'histoire familiale reprend sa chronologie entre enfance choyée au sein de la grande bourgeoisie belge (les Nothomb sont une famille parsemée de figures historiques) et la rudesse de la branche Nothomb du château du Pont d'Oye où le darwinisme, le froid et la faim perpétuelle règnent parmi les enfants et où Patrick Nothomb est envoyé pour s'endurcir, son général de père trouvant que sa maman le protège un peu trop et n'en fait pas un homme. Pour faire court, ses multiples séjours au Pont d'Oye ne le tueront pas et le rendront effectivement plus fort, lui donnant le goût du spartiate et jouant un rôle déterminant dans sa propre carrière.
Premier Sang est un tissu de focus sur des anecdotes fondatrices de la vie de ce père, mort l'année passée sur fond de covid. Je ne sais pas si c'est la forme essentiellement dialoguée, sans fioritures ou si c'est l'overdose d'ellipses, mais pour un livre hommage à ce personnage si important pour elle, l'exercice me paraît complètement raté, parce que bâclé. Je ne sais pas si c'est de la sobriété, s'il s'agit de pudeur, peu importe, j'ai trouvé ce livre mauvais, surtout en comparaison d'autres livres sur les pères dont je parlerai bientôt. En tous les cas, celui-ci, sauf accident, sera mon dernier Nothomb.
" Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. " Amélie Nothomb Amélie Nothomb est au meilleur d'elle même : cruelle, tendre, drôle. Télérama Un livre qu'aucun lecteur d'Amélie Nothomb n...