Jérôme Attal - L'appel de Portobello Road

Cela faisait une bonne année que je n'avais pas ouvert un livre de Jérôme Attal. Mais ces jours passés, je me suis replongé avec délectation dans un livre paru en 2017 intitulé L'appel de Portobello Road, et j'ai retrouvé l'univers si particulier de cet auteur, avec de la musique, un regard post-adolescent rêveur sur le monde, un zeste de rétro londonien, des petites références discrètes aux Beatles, le tout sur fond de petites fulgurances poétiques et d'humour nonsense.

Ce livre est en fait un road-movie qui débute sur un appel bien mystérieux. Ethan, un pianiste quadra qui vient de rompre avec sa copine chanteuse, et dont le rêve est de voir une de ses chansons diffusée à la radio, reçoit en pleine nuit un coup de téléphone de ses parents. Au-delà de l'horaire très inhabituel de l'appel, il se trouve que celui-ci est reçu sur un combiné rétro acheté à Portobello Road qui n'a jamais servi. Ensuite, il se trouve que ses parents sont morts et enterrés depuis plusieurs années. Mais surtout, la teneur du message "On voulait te demander, papa et moi, si tu pouvais dire à ta soeur qu'on pense à elle tous les jours ?" interroge Ethan car il se trouve qu'il n'a jamais eu connaissance de la moindre soeur.

Evidemment, un tel début me fait penser à Des coups de fil de l'au-delà ? de Laurent Kasprowicz et je ne peux m'empêcher de me demander comment l'idée d'un tel élément déclencheur pour l'intrigue est venue à Jérôme Attal.

Passé le choc de cet appel et du message, Ethan se lance dans la quête de cette soeur dont il ignore tout.  C'est l'étincelle qui tout à coup relance sa vie d'artiste un peu à l'arrêt. Il va en premier lieu interroger sa pittoresque tante octogénaire qui n'a plus toute sa tête mais qui à travers ses limbes de conscience lui parle d'une certaine June qui habiterait à Ath en Belgique et dont le métier serait d'inspecter des mugs. C'est à bord d'une Triumph Spitfire décapotable jaune modèle 1975 prêtée par un ami qu'Ethan va se lancer sur une route où il rencontrera des personnages hauts en couleur, des membres d'une confrérie belge d'adorateurs de la tarte au riz, et même le fantôme d'Amy Winehouse ! Ce road-trip sera l'occasion pour lui de réévaluer son rapport au monde. Comme souvent, le chemin est plus important que la destination. Initiatique, décalé et léger, un roman court à déguster.