16 Octobre 2023
L'une des pires douleurs qu'un humain puisse avoir à affronter est la perte d'un enfant. C'est une douleur tellement forte, tellement inacceptable, tellement inimaginable qu'il semble qu'aucune ethnie au monde n'ait jugé opportun de proposer un mot équivalent à orphelin qui décrirait cet état, tant il va à l'encontre de l'ordre des choses. Contre-nature. Mais quand l'inacceptable se produit, celles et ceux qui vivent cette expérience doivent trouver des trésors de ressources pour passer à travers l'épreuve, pour trouver la force de continuer, pour y puiser du sens.
Je suis là s'ouvre sur ces instants qu'une maman n'imaginerait jamais être les derniers en compagnie de son fils. Des moments simples, banals, cette dernière journée, ces dernières minutes, ces derniers mots conclus par un simple "OK" dit les yeux dans les yeux. L'insouciance, puis le temps passant, la persistance du répondeur téléphonique, l'inquiétude qui monte, la boule au ventre au fur et à mesure que les scénarios se télescopent, des scénarios qui sont peu à peu confirmés jusqu'à ce que la nouvelle terrible tombe: "Votre fils a eu un accident, il n'a pas survécu à ses blessures." Ce fils s'appelle Julien, il décède le 26 septembre 2014 à 25 ans sur sa moto après une collision avec une voiture, et c'est sa maman, Catherine Kosmala, qui raconte le récit à la première personne. Les premières pages de ce livre sont une véritable épreuve pour mon empathie. Je ne peux m'empêcher de penser à mes propres enfants, à quel point je les aime plus que tout, à quel point l'idée de les perdre serait insoutenable. Je pense également à un ancien collègue de travail qui a perdu son fils âgé de 18 ans et pour qui la vie a ensuite complètement basculé dans le même sens que ce qui est relaté dans ce livre.
Et puis, rapidement, les hasards de la vie mettent Catherine Kosmala face à une dimension irrationnelle à laquelle elle ne s'était jamais intéressée jusque là. Une amie l'oriente vers un livre d'une maman ayant perdu sa fille: Karine, après la vie. Dès lors, c'est une ouverture dans l'obscurité qui se fait, elle lit de plus en plus sur le sujet. Lorsqu'elle parle autour d'elle de cette possibilité d'un ailleurs, elle est perçue comme quelqu'un en détresse et comme la proie idéale des margoulins qui exploitent le filon de ce type de souffrance. Suivant son instinct, elle contacte l'association Infinitude dont il est question dans ce premier livre et fait ainsi la connaissance de Monique et Jacques Blanc-Garin qui vont la faire participer à une toute première séance de TCI, la transcommunication instrumentale. Le procédé est relativement simple: il s'agit de poser des questions tandis qu'un enregistreur tourne en même temps qu'un bruit blanc est émis. En réécoutant l'enregistrement, il n'y a plus de place pour le doute, les réponses sont très claires: c'est bien Julien qui lui répond ! Dès lors, Catherine Kosmala va multiplier les approches, faire appel à des médiums, jusqu'à établir un dialogue incroyablement riche sur une durée de quatre ans avec son fils qui lui permettra d'accepter un peu l'inacceptable et d'en savoir un peu plus sur ce qui se produit après la vie.
Voici un donc un livre plein de vie sur la mort, plein de joie sur la tristesse infinie, plein d'espoir sur le désespoir. Et l'on découvre le potentiel thérapeutique de ces ouvertures sur l'ailleurs, à condition de se l'autoriser, d'accepter de lâcher la carte pour explorer le territoire, dit autrement, à condition de se déconditionner.
Je suis là - Catherine KOSMALA
Un jour ma vie a basculé en une seconde. Mon unique fils, Julien, a eu un accident et n'a pas survécu. La douleur, l'horreur, l'envie de mourir et puis, petit à petit, des signes sont apparus.