Juan Branco - Treize pillards: petit précis de la macronie

Après Crépuscule, Juan Branco continue de mettre en lumière les rouages du pouvoir, et les intrications entre politique, finance, monde industriel et médias. Dans un format plus court qu'à l'accoutumée, Treize pillards: petit précis de la macronie paru en 2022 chez Au diable Vauvert est résolument une dénonciation potentiellement explosive, un pamphlet.

Explorant succinctement certaines des personnalités les plus influentes qui orbitent autour du pouvoir présidentiel, il met à jour un système qui n'est pas sans rappeler une certaine féodalité, qui a tous les atours de l'aristocratie et qui est conçu pour s'entretenir lui-même et assurer une pérennité des privilèges, qui n'ont décidément pas été abolis en 1789.

Des portraits au vitriol mais terriblement étayés sont tirés pour ces personnalités (qui sont finalement plus que treize, on s'en doutait un peu): Edouard Philippe, Xavier Niel, Benjamin Griveaux, Gabriel Attal, Arnaud Lagardère, Bruno Roger-Petit, Anne Lauvergeon, Thierry Breton, Martin Hirsch, Fabrice Fries, Marie Fontanel, Agnès Buzyn, Anne-Marie Armanteras de Saxcé, Jean-Marie Messier, Patrick Klugman, Gérard Mestrallet, Matthias Fekl, Marc Guillaume, Evan Spiegel, Arnaud Montebourg, Hervé Vinciguerra, et bien évidemment, Emmanuel Macron. Ce qui se joue en coulisses est assez incroyable et d'un cynisme rare. L'incompétence est sanctionnée par l'impunité, les fonds publics lentement mais sûrement syphonnés au sein de manoeuvres comptables, l'enrichissement personnel est la règle et il s'appuie sur le retour d'ascenseur. La spoliation des biens communs se fait au détriment du service public, et la révolte est matée à coups de matraques. Rien de nouveau sous le soleil évidemment. Mais la répétition de ce schéma à travers les âges a de quoi faire désespérer...

La colère est omniprésente dans cet opuscule. J'y ressens personnellement une façon de frustration de la part de Juan Branco face à l'inertie générale, car après tout, les faits sont connus, publics, et à la malversation légalisée ne répond aucune révolte puissante et durable. Lui s'est exclu du système pour le pouvoir mieux dénoncer et ne pas l'alimenter. Mais le système est bien huilé, l'inertie, généralisée, et il n'est même pas nécessaire au pouvoir de tenter de faire taire le jeune avocat brillant et courageux par les voies légales. C'est dire le degré de résignation !