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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Que faire quand le harcèlement scolaire entre dans votre vie ?

Devenir père est la plus belle expérience qu'il m'a été donné de vivre jusqu'à présent. Voir mes enfants grandir un petit peu chaque jour, évoluer, être témoin de leurs questionnements, de leurs émotions, de leurs attentes, de leurs joies et déceptions, en partager une partie avec eux, donner de l'amour et en recevoir, est un privilège. C'est un lieu commun de le dire. Ce n'en est pas un de le vivre. Évidemment, ce n'est pas un chemin de tout repos, les enfants arrivent avec un regard neuf sur la vie et ont certaines facilités pour poser le doigt sur les failles de leurs parents. Ces remises en question qu'ils proposent quotidiennement sont une source d'épanouissement mais aussi d'épuisement, de changements en tout état de cause. Personnellement, le bilan de ce mouvement naturel de la vie est authentiquement plus que positif. Mais il arrive parfois que des expériences difficiles viennent heurter les enfants de plein fouet, et par ricochet, leurs parents et leur entourage.

Aujourd'hui, j'aimerais aborder l'une de ces épreuves qu'il nous est donnée malheureusement de traverser: mon fils de 10 ans a été l'objet de harcèlement scolaire pendant 4 mois entre mi-septembre 2022 et le 5 janvier 2023 en classe de 6ème d'un collège public. Pour faire court, il a subi de manière quasi quotidienne des moqueries, des insultes et des coups de la part d'une bande d'enfants de sa classe (entre 1 et 5 personnes) à propos desquels il n'a pratiquement rien exprimé pour ne pas être une "balance" (et accessoirement parce qu'il a été menacé de mort). Comment l'avons-nous appris ? Quand il a craqué en classe un matin après le harcèlement de trop et qu'il a dit à tout le monde qu'il voulait mourir. Je fais maintenant une ellipse parce que le déroulé de son histoire n'est pas le propos, et parce que je ne souhaite pas que les détails deviennent publics. Deux mois de déscolarisation plus tard (ainsi qu'une tentative de suicide, deux séjours aux urgences pédiatriques, une dizaine de séances chez différentes psys, et des prises de médicaments thymo-régulateurs), nous sommes en plein coeur des procédures pour régulariser la situation. Et en témoignant sur un groupe Facebook Harcèlement scolaire, vaincre le fléau, je me suis rendu compte qu'il y a un énorme besoin de partager des informations à l'attention des parents qui, comme moi, sont souvent très seuls et démunis face à l'énormité de la situation.

Le problème est à prendre très au sérieux, aussi bien pour le bien-être de l'enfant et sa guérison à venir, que pour l'évaluation des préjudices, l'évaluation des sanctions contre les élèves harceleurs, et l'éventualité d'une indemnisation. Il existe de nombreuses instances auxquelles s'adresser pour rapporter le problème et tout autant de démarches à suivre. Je recommande de mettre le paquet!

Recueillir le témoignage de l'enfant

En tout premier lieu, il est de la plus grande importance d'établir les faits. Ce n'est pas forcément évident du fait que le harcèlement fonctionne - comme de nombreux autres dysfonctionnements - sur la base du secret partagé. Les harceleurs disposent de deux ressorts psychologiques pour conserver le secret: l'omerta et la menace de représailles. Pour l'enfant (ou l'adolescent), en pleine construction sociale et très pris dans les contraintes de cet ordre, il est souvent bien pire de passer pour une balance que de se faire maltraiter. C'est pourquoi le fait de témoigner est souvent vécu comme une sorte de trahison et le sentiment d'être une mauvaise personne. Et c'est le premier écueil dans le processus. Ensuite, il n'est pas rare que l'enfant harcelé reçoive des menaces qui vont jusqu'aux menaces de mort ("si tu parles, je te bute"), menaces qu'il va prendre très au sérieux. En étau entre la contrainte sociale de supporter sans rien dire et l'injonction de se taire, et l'on pourrait ajouter la honte d'être une victime ou de ne pas être suffisamment intégré, l'enfant s'enferre parfois dans le silence. Il est donc de prime importance que l'enfant s'exprime en toute confiance et témoigne dans un maximum de détails. Lorsque mon fils est rentré de l'école avec son envie de mourir et qu'il m'a dit qu'il se faisait insulter, frapper et humilier tous les jours de l'année, je lui ai expliqué que sa situation n'était absolument pas normale, que ce n'est pas comme cela que fonctionne la société, que les adultes étaient là pour le protéger, et que j'allais tout mettre en oeuvre pour qu'il ne soit plus en danger au collège. Mais que, très important, j'attendais également de lui un récit qui corresponde parfaitement à la vérité pour qu'un éventuel mensonge ne vienne pas ternir la force du dossier.

Et plutôt que de lui demander comment les choses se passent en général (ce qui est un peu abstrait), je lui ai d'abord demandé de me raconter une journée-type au collège, de manière très concrète et en n'ayant recours qu'à des questions ouvertes:

  • Que s'est-il passé quand tu as passé les grilles de l'établissement ?
  • Comment est-ce que les violences ont démarré ?
  • Dans quels endroits ?
  • Combien de temps est-ce que ça a duré ?
  • Est-ce que c'est arrivé à d'autres moments de la journée ?
  • Comment est-ce que tu as réagi quand ça s'est produit ?
  • Qu'est-ce que tu as ressenti quand ça s'est passé ?
  • Qu'est-ce que tu ressens tout de suite en en parlant ?
  • Peux-tu me donner les noms ou au moins les prénoms des enfants qui t'ont fait du mal ?
  • Où étaient les adultes quand ça s'est produit ?
  • Est-ce que d'autres élèves sont au courant ?
  • Quels sont les mots précis que tes harceleurs ont utilisé pour se moquer ou pour t'insulter (tu as absolument l'autorisation de réutiliser leurs vrais mots même s'ils sont grossiers, sales, ou très méchants) ?
  • À quels endroits t'ont-il frappé ? De quelle façon ? Comment étaient-ils placés ?
  • Est-ce que tu risques quelque chose si tu en parles aux adultes ?
  • En as-tu déjà parlé à des encadrants du collège ou à des profs ?

Il est important de tout noter dans les moindres détails, ces éléments qui doivent être aussi concrets que possible seront de première importance lors des dépositions à la police ou à la gendarmerie.

Un peu plus tard, il sera possible de revenir sur les éléments et de chercher si d'autres faits se sont produits dans d'autres circonstances afin de compléter le dossier. Car il s'agit maintenant d'un dossier. Il faut donc tout documenter!

Compléter la grille de signalement de l'Éducation Nationale

Depuis 2016, l'Education Nationale prend très au sérieux les situations de harcèlement et a mis en place un protocole de suivi des cas de harcèlements, et fournit notamment un questionnaire orienté qui va permettre d'établir les faits de harcèlements avec une plus grande précision que dans le cadre de le recueil non-directif du témoignage de l'enfant. Celui-ci se trouve en page 10 du Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les collèges et les lycées (le document figure aussi en lien ci-dessous).

Ce document est à remplir scrupuleusement, et là encore, dans le maximum de détails possible (agressions subies, type, niveau de violence, fréquence, les lieux des agressions, etc.), et servira à établir les faits de harcèlement tout en permettant d'évaluer leur gravité.

Extrait de la grille de signalement de l'Éducation Nationale

Il sera notamment très utile pour permettre de distinguer ce qui relève des faits de harcèlement du reste des problèmes interpersonnels, parce que toute tension entre élèves ne fait pas forcément des uns des harceleurs et des autres des victimes. Remplir cette grille est un élément de respect à l'égard des personnels des établissements scolaires, qui montre qu'un effort a été fait en amont pour catégoriser correctement les faits, et qui permettra à tout le monde de gagner beaucoup de temps.

Traitement du harcèlement en collèges et lycées + Questionnaire + Protocole de suivi

Faire reconnaître la situation auprès de l'établissement scolaire

Chaque établissement scolaire (de la maternelle jusqu'au lycée) est tenu depuis la rentrée 2022 de mettre en place un plan de prévention du harcèlement scolaire: le dispositif pHARe. Ainsi, la première chose à faire, une fois le témoignage de l'enfant recueilli, est de demander la liste des personnels inclus dans le dispositif avec leurs coordonnées afin de les contacter au plus vite pour les informer des faits. Il doit y en avoir au minimum cinq par établissement!

Il est très important de fournir un témoignage aussi détaillé, pragmatique et étayé que possible au personnel pHARe. En effet, d'après ce que j'ai pu lire, il n'est pas rare que le personnel scolaire ne prenne pas au sérieux les allégations de harcèlement, 

Dans le cas de mon fils et suite au témoignage très détaillé que je leur ai fourni via la messagerie de monbureaunumerique.fr, les personnels scolaires ont immédiatement pris la mesure du harcèlement et nous avons convenu d'un rendez-vous pour évaluer la gravité de la situation et discuter des mesures envisageables pour la suite. Plusieurs options sont généralement possibles:

  • Ne pas déscolariser mais s'assurer que les élèves harceleurs ne vont pas exercer des menaces ou tenter des représailles au sein de l'établissement ou hors de l'établissement. C'est un peu compliqué quand l'enfant harcelé est terrorisé par la situation au point de vomir le matin avant d'aller à l'école! Dans le cas de mon fils, des limites ont été dépassées qui ont fait que cette option n'était tout simplement plus possible (selon la recommandation des psys)
  • Rescolariser progressivement dans le même établissement, sur plusieurs semaines, avec une surveillance accrue des adultes et un suivi psychologique par des professionnels
  • Déscolariser mais assurer un suivi pédagogique à distance par l'établissement. Cette option est tout à fait envisageable mais elle nécessite la présence à l'année d'un parent à la maison et une grande disponibilité. Ce n'est pas donné à tout le monde.
  • Rescolariser dans un autre établissement. Cette option est souvent très difficile à mettre en place, la plupart des établissements refusant de prendre de nouveaux élèves en cours d'année. Qui plus est, il n'y a pas forcément d'autres établissements à proximité où rescolariser.
  • Déscolariser complètement et mettre à profit le temps restant de l'année scolaire afin que l'enfant se reconstruise. Cette option nécessite aussi un accompagnement par des adultes et n'est pas toujours possible.

Cette démarche, bien que nécessaire, a cependant un rayon d'action qui ne dépasse pas le cadre scolaire. Une enquête est menée en interne, notamment auprès des élèves incriminés, pour récupérer leur version des faits et corroborer les témoignages. Si au terme de l'enquête des mesures sont prises contre les élèves harceleurs, elles n'iront a priori pas au-delà d'une exclusion temporaire et d'une surveillance accrue.

En complément, il sera très utile de communiquer la grille de signalement de la section précédente à l'équipe pHARe de l'établissement scolaire. Il sera alors possible de solliciter l'intervention d'un référent harcèlement de l'Académie du département concerné qui s'en servira pour valider le cas de harcèlement auprès de l'Éducation Nationale et assurer dès lors un suivi administratif.

Lors du signalement, il sera utile de notifier d'éventuels signes particuliers des élèves harcelés: haut potentiel intellectuel, situation de handicap, maladies... qui vont apporter au personnel scolaire des éléments supplémentaires de compréhension de la situation générale. 

Un conseil que j'aimerais donner à titre personnel: le dispositif pHARe n'en étant qu'à ses balbutiements, le personnel étant essentiellement auto-formé, il me semble important de contacter les établissements concernés dans un esprit de collaboration et dans une certaine indulgence face aux ratés qui pourraient se produire. Il s'agit de résoudre un problème de la façon la plus efficace, rapide et durable possible, pas de rentrer dans une confrontation qui sera plus contre-productive qu'autre chose. On résout mieux les problèmes ensemble!

Contacter les numéros verts et les associations

Un autre moyen de se renseigner sur les démarches à suivre est de contacter le plus adapté des deux numéros verts mis à la disposition du grand public:

  • 30 20: pour signaler un cas de harcèlement
  • 30 18: pour signaler un cas de cyber-harcèlement

À travers chacun de ces numéros, l'utilisateur sera redirigé vers un conseiller associé à un département donné qui, outre le fait de conseiller sur les démarches génériques à suivre, sera en mesure de fournir des listes d'associations locales contre le harcèlement, ainsi que des centres médico-psychologiques pour enfants (CMP, CMPI). Il est donc utile d'appeler pour se renseigner sur les aspects qui concernent le suivi médical.

Les associations quant à elles permettent généralement d'être entendus dans une grande bienveillance et compréhension, parce qu'il est très soulageant de se sentir accueillis dans une situation aussi difficile qu'un harcèlement. Il peut être notamment proposé de participer à des groupes de discussions entre enfants harcelés pour que chaque victime réalise qu'elle n'est pas seule, et pour retisser un lien au travers de cette expérience. 

Faire reconnaître la situation auprès des autorités

Depuis le 24 février 2022, le harcèlement scolaire est considéré aux yeux de la loi comme un délit. À ce titre, il est désormais possible de porter plainte auprès de la police ou de la gendarmerie.

En attendant que le degré de gravité du harcèlement soit établi, n'hésitez pas à déposer une main-courante auprès de la police ou de la gendarmerie. Ce document n'a pas d'autre valeur juridique que de garder une trace officielle de votre version des faits. Il est tout à fait possible de déposer plainte par après.

Un mineur ne pouvant pas porter plainte tout seul, il est nécessaire que ce soient les parents qui l'accompagnent pour déposer sa version des faits. En cas de parents séparés, chacun peut déposer plainte dans le cadre du même dossier. Encore une fois, il est primordial de tout bien faire figurer dans la plainte, avec le maximum de détails, et notamment de décliner les identités d'éventuels témoins qui seraient en mesure de corroborer les faits.

Une fois les plaintes de l'enfant et des parents déposées, alors les autorités seront en mesure de mener une enquête auprès des auteurs présumés des actes de harcèlement, mais aussi de recueillir les récits des témoins cités.

Je veux ici faire part de mon expérience. Lorsque j'ai appris les faits de harcèlement, ma toute première réaction a été de m'occuper de mon fils, tout en faisant mon possible pour ne pas accabler les enfants harceleurs. Après tout, ils n'ont que 12 ans d'accord ? Pourtant, après discussions avec différentes personnes de mon entourage, ainsi qu'avec le personnel scolaire, j'ai fini par accepter de déposer une main-courante avec mon fils. D'une part, c'était une première expérience civique pour lui. D'autre part et surtout, c'était l'occasion de voir et d'entendre que des adultes avec un mandat d'autorité prenaient son expérience très au sérieux en confirmant que ce harcèlement n'est ni normal, ni juste. Ce dépôt de main-courante lui a véritablement réinsufflé une confiance envers les adultes. Ceci étant, quelques jours après, il a fait une tentative de suicide qui a donné lieu à une deuxième hospitalisation, les rendez-vous psy ont commencé à s'accumuler, et il n'était plus possible ni pour sa mère, ni pour moi, de continuer à exercer nos activités dans des conditions normales. Devant ces conséquences qui ne sont rien d'autre que des préjudices, et d'un commun accord avec mon ex-compagne, nous avons décidé d'aller porter plainte. Parce que c'est trop grave. Parce que de telles conséquences ne peuvent pas rester impunies. Parce qu'il nous paraît nécessaire que les auteurs du harcèlement soient mis face à leurs responsabilités, et qu'ils aient l'opportunité de prendre conscience du caractère dangereux et toxique de leur violence avant de devenir des adultes harceleurs dans le milieu professionnel. Parce qu'il est également important que leurs parents soient eux aussi responsabilisés. Parce qu'à 12 ans, il me semble encore possible de les remettre dans une voie plus bienveillante. Ce n'est ni par colère, dépit ou esprit de vengeance, c'est parce que c'est la seule chose juste à faire dans ce cas-là. Et nous devons cela à notre fils pour continuer de mériter sa confiance.

Évaluer la gravité de l'état physique et psychologique de l'enfant, constitution d'un dossier médical

Les faits de harcèlement sont parfois (ou souvent ?) associés à des troubles de comportement, à des souffrances psychologiques. Il est absolument nécessaire de s'en préoccuper aussi rapidement que possible. Pour cela, il est possible de consulter très rapidement des psychologues affiliés aux associations territoriales de prévention contre le harcèlement, dont les coordonnées sont accessibles à travers les numéros verts 30 20 et 30 18. Ces premiers rendez-vous vont permettre d'évaluer l'état médico-psychique de l'enfant harcelé et de réagir de manière adéquate.

Dans les cas qui nécessitent un suivi médical ou psychiatrique, il est important de faire constater les conséquences médicales auprès d'un professionnel, ainsi que les interventions (pompiers, urgences hospitalières, etc.). Les attestations qui constitueront le dossier médical seront utiles pour la suite, notamment auprès des assurances dans les éventuelles démarches juridiques qui pourraient suivre. Il est également utile de conserver les justificatifs des frais engagés, sachant qu'un certain nombre de soins ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale.

Ce dossier médical pourra être joint à l'enquête des autorités suite à la plainte déposée.

Suivi juridique et indemnisations

C'est bien beau de porter plainte! Mais au fond, à quoi cela peut-il bien servir ? D'expérience, on sait que la plupart des plaintes aboutissent à des non-lieux, ou à des mesurettes qui ne dépassent pas le cadre scolaire ou le rappel à la loi (certes dans des conditions volontairement solennelles et impressionnantes pour les jeunes). Comme je le disais plus tôt, le harcèlement est un fait de société qui est de plus en plus pris au sérieux. Le cas de Maël qui, sur proposition du rectorat (et pas par décision de justice), a pu être rescolarisé le 6 mars 2023 dans la même école tandis que son harceleur a changé d'établissement, illustre bien cette évolution des mentalités face à ce fléau. On peut toujours rêver d'une certaine forme de jurisprudence. Déposer une plainte, c'est ajouter de l'eau au moulin de la prévention du harcèlement. C'est une petite goutte d'eau pour les colibris que nous sommes, mais c'est important de le faire.

À l'heure où je rédige la courante version de cette page de mon blog, je n'ai pas encore l'expérience de cette partie de la procédure dont je vais parler. Il semblerait qu'il soit tout à fait possible de suivre trois pistes pour, au minimum, obtenir des dédommagements financiers face aux préjudices, pour compenser notamment tous les frais qui sont intégralement à la charge des parents des victimes (comme les consultations de psychologie réparatrice, les factures médicales, les frais de déscolarisation/rescolarisation, les jours de travail perdus, etc.). 

  • En première intention, il est possible de faire appel :
    • à l'assurance scolaire de votre enfant pour qu'elle se retourne contre les assurances scolaires des enfants harceleurs;
    • à la responsabilité civile de votre enfant dans ce même but;
  • Si un médecin certifie l'existence minimale de 1% de séquelles chez votre enfant, vous pouvez contacter parallèlement la Civi (Commission d'indemnisation des victimes d'infractions) puisque l'affaire est au pénal. Cet organisme sollicitera l'expertise d'un expert médical judiciaire pour constater les préjudices médico-psychologiques. L'indemnisation, si elle est acceptée, est plafonnée à €4.601.

Dans tous les cas, il m'a été fortement recommandé de faire appel à un avocat. Dans ce type de cas, il est possible d'établir une convention d'honoraires sur base de 15-20% de la somme indemnisée.

Toutes les pièces justificatives des frais seront à joindre au dossier, donc conservez bien tout!

Mea culpa

Plus le problème est pris en charge tôt, plus il y a de chances que les problèmes soient réglés rapidement. C'est pourquoi il est important d'écouter les signaux faibles envoyés par l'enfant qui ne se plaint pas explicitement de harcèlement. L'enfant harcelé, même lorsqu'il est pris entre omerta, menaces et honte, envoie de tels signaux, ne serait-ce que parce que le corps parle. Ces signaux sont parfois en contradiction avec des paroles rassurantes:

  • douleurs au ventre ou de maux de tête, qui vont parfois jusqu'à des vomissements le matin avant d'aller à l'école
  • fatigue quand l'enfant a beaucoup de mal à s'endormir
  • cauchemars parfois récurrents
  • tristesse inhabituelle, état dépressif

On s'en rend souvent compte trop tard. Dans le cas de mon fils, il s'est passé quatre mois avant qu'il ne craque. Ça a commencé par le signalement de tensions avec un élève du groupe de harceleurs, mais j'ai pris ça pour des inimitiés normales comme il ne se plaignait pas trop. Il en avait également parlé à ses grands-parents mais toujours en présentant ça comme des tensions. Puis, il a commencé à avoir de la fièvre pendant des jours qui sont devenus des semaines. Puis quand la fièvre est passée, il y a eu les vomissements avant de partir à l'école, les cauchemars, la fatigue chronique due à des insomnies. Je n'ai pas su écouter ces signaux à temps, et je m'en mords aujourd'hui les doigts. J'ai l'impression d'avoir vraiment failli à ma mission de père. Le minimum que je puisse faire aujourd'hui est de ne pas déconner avec le traitement des conséquences et d'être totalement présent pour l'accompagner dans ces épreuves et dans la rescolarisation. Cette fois-ci, on ne m'y reprendra pas!

Conclusion

On le voit bien, dans l'écrasante majorité des cas, les enfants harcelés subissent non seulement des violences interpersonnelles, mais tout leur environnement familial est impacté. Les effets sont visibles sur leur psychisme et sur leurs résultats scolaires. La vie professionnelle des parents est elle aussi rendue assez compliquée. Tout cela est inacceptable! Il est impératif que les enfants puissent se rendre à l'école, au collège ou au lycée, en toute sécurité, sans boule au ventre. Pour autant, la réalité est assez cruelle et ce n'est malheureusement pas ce qui se passe dans la réalité. Le harcèlement scolaire est un fléau, un phénomène de société qui semble se multiplier, dont il est de plus en plus question dans les conversations des parents. Peut-être y sommes-nous seulement plus attentifs. Peut-être est-ce la société qui devient de moins en moins bienveillante. Toujours est-il que lorsque nous, parents, sommes confrontés à cette expérience, nous sommes nombreux à être démunis. D'abord face aux faits eux-mêmes qu'il est parfois difficile de comprendre quand on valorise une éducation bienveillante avec le souci du bien commun. Mais aussi face à une certaine impassibilité historique, quand ce n'est pas un déni ou l'inversion de la charge ("votre enfant est un affabulateur madame!"). C'est pourquoi, même si les temps sont peut-être en train de changer, il est nécessaire de ne pas trop se laisser déstabiliser et de répondre rapidement et de manière adéquate pour rétablir un équilibre aussi rapidement que possible.

Pour ma part, je vais me battre désormais pour que les auteurs des faits de harcèlement soient mis juridiquement face à un verdict d'injonction de soins. Il me paraît totalement injuste que ce soient les élèves harcelés qui aient besoin de se réparer psychologiquement alors que les harceleurs sont légalement considérés comme sains d'esprit. Leur comportement est factuellement toxique, inadapté pour une vie en société, et l'indulgence ne devrait pas être tolérée les concernant! Le harcèlement n'est pas une fatalité! Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, il y a fort à parier que les harceleurs recommenceront, avec d'autres élèves, ou plus tard dans le monde professionnel. C'est en prenant le problème aussitôt que possible que nous pourrons collectivement lutter contre le harcèlement!

J'espère que ce retour d'expérience et ce partage pourront vous servir à quelque chose. Si les démarches en cours devaient aboutir concernant mon fils, je ne manquerais pas de mettre à jour cette page.

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