J'ai terminé hier L'humanité en péril - Virons de bord, toute! de Fred Vargas. Autant le dire tout de suite, j'ai vraiment beaucoup de mal avec elle. Je sais qu'elle est très populaire en France, mais d'une part les polars ne m'intéressent pas et je trouve que mon temps peut être consacré à des lectures plus enrichissantes, d'autre part, je suis allergique à son style d'écriture. J'ai tenté de lire Temps glaciaires il y a 4 ans, et après 120 pages j'ai abandonné, ce que je ne fais pratiquement jamais.
L'humanité en péril n'est pas un polar mais un livre qui se situe entre l'essai journalistique et le billet d'opinion. C'est je pense ce qui m'a permis d'aller au bout de sa lecture, parce que du point de vue stylistique, je n'accroche décidément pas. Trop gonzo pour moi. Fred Vargas a opté pour une forme qui s'apparente à un inventaire à la Prévert, donc sans structure particulière et sans aération hormis cet irritant et inutile dialogue intermittent avec son correcteur stylistique informatique. Bref, j'ai frisé l'indigestion alors qu'il n'y a que 220 pages écrites en gros caractères. C'est sûr, je ne lirai jamais plus rien de cette auteure.
Pour autant, une des choses que j'ai apprises avec le temps, c'est de faire abstraction de la forme pour me concentrer sur le fond. Mon intention initiale en achetant ce livre était de découvrir ce que Fred Vargas avait à dire du haut de ses 15 ans de recherche au CNRS. Et heureusement, sur ce point, elle a fait un sacré boulot pour établir un état des lieux de la connaissance scientifique en matière d'écologie. Elle fait d'abord un bilan de ce qui ne va pas et des dangers qui sont déjà là, sous nos yeux qui regardent ailleurs. Et les chiffres s'accumulent, s'accumulent, s'accumulent, assortis à chaque fois de références vers les études scientifiques y afférents. Puis, une autre liste est présentée, celle des solutions, des changements à faire le plus vite possible pour inverser la vapeur et faire virer de bord notre Titanic civilisationnel. Enfin, en guise de conclusion, elle reprend tous les faits et chiffres pour en faire une version résumée, dans une sorte d'executive summary.
Je dois reconnaître que j'ai appris beaucoup de choses grâce à ce petit livre indigeste, mais je regrette profondément la forme. La colère, la personnalité omniprésente de l'auteure et l'approche stylistique choisie ternissent les faits présentés et éloignent de l'objectivité, et c'est cet aspect que les climatosceptiques vont certainement utiliser pour décrédibiliser ce travail authentique d'inventaire. J'espère ne pas être représentatif du lectorat, j'espère me tromper en pensant que par son style elle dessert la cause de l'écologie, j'espère sincèrement que le message de Fred Vargas passera auprès d'un public aussi large que possible et contribuera à déclencher l'effet levier de la prise de conscience globale.