Le rapport de la Commission Galileo: Beyond a Materialist Worldview - Towards an Expanded Science, publié cette année, condense ma vision des choses en ce qui concerne ce que la science est devenue. J'ai toujours considéré la Science comme la meilleure boîte à outils possible pour nous aider à découvrir les lois qui régissent l'univers autour de nous, et qui nous aiguille pour appréhender son essence ontologique. La Science a vocation à tenter de répondre à nos questions, des plus triviales (pourquoi le ciel est bleu ?) aux plus complexes (qu'est-ce que la matière ?), voire existentielles (qu'est-ce que la conscience ?, qu'est-ce que la mort ?). Or, le XXème siècle a vu la cristallisation du matériel comme socle de tout: les forces physiques qui régissent l'univers sont au nombre de 4, et tout ce qui existe dépend exclusivement de ce modèle. Y compris la conscience. Dans ce modèle dit standard, l'être humain est assimilé à un robot biologique, sans aucun libre-arbitre, et avec lui, tout le règne du vivant. La conscience est une propriété émergente des réseaux neuronaux, et il est même des scientifiques pour penser très sérieusement que tout système un tant soit peu complexe et réticulaire est doté de conscience, notamment un ordinateur. Et c'est parfaitement cohérent dans ce modèle.
Les tenants de cette théorie dite matérialiste sont largement majoritaires au sein des institutions scientifiques, en particulier des académies. Pourtant, à y bien regarder de plus près, s'il y a bien une corrélation entre conscience et activité du cerveau, il n'y a a aucune preuve que la conscience est générée causalement par le cerveau. La théorie de la conscience produit du cerveau est une simple croyance. Ce qui fait qu'elle est préférée au sein de la communauté scientifique, c'est l'application du rasoir d'Occam/Ockham (ou principe de parcimonie) qui stipule que la théorie la plus simple l'emporte sur les autres théories pour décrire un phénomène. Le modèle héliocentrique est ainsi préféré au modèle géocentrique pour décrire les mouvements au sein de notre système solaire. Le principe de parcimonie fonctionne très souvent quand il est bien utilisé, mais pas toujours.
Ainsi, le modèle mécanique de Newton convenait parfaitement pour décrire le monde connu, jusqu'à ce qu'une expérience de pensée d'Einstein vienne le remettre en question. La relativité générale, largement plus complexe que le modèle de Newton l'a emporté et certains phénomènes difficilement observables qu'il décrit ont pu être vérifiés par la suite: trous noirs, ondes gravitationnelles, expansion de l'univers... A la lumière de ces nouveaux phénomènes, il a fallu établir un nouveau modèle qui puisse décrire l'ancien monde ainsi que le nouveau. La même chose s'est produite pour le monde des particules avec l'avènement du paradigme quantique. Relativité et physique quantique décrivent un monde inaccessible à nos sens, mais fonctionnent incroyablement bien. Le rasoir d'Occam a dû réaffûter ses lames, une réalité plus complexe nécessitant des modèles plus complexes.
Nous voilà donc au XXème siècle avec un modèle dominant purement matérialiste, où le libre-arbitre n'est qu'une illusion. Une théorie non-démontrée donc mais satisfaisante pour ses tenants.
Or, voici que les progrès en réanimation ont permis la multiplication des expériences de mort imminente qui suggèrent le fait que la conscience se passe très bien du corps. Voici que les témoignages d'enfants en bas âge (à peine en âge de parler) qui racontent leur vie d'avant cette vie sont pris au sérieux et que des faits troublants sont vérifiés. Voici que des études et méta-analyses statistiquement significatives suggèrent la réalité d'une communication d'information à distance ne passant pas par les 5 sens (télépathie, remote viewing). Les données s'accumulent, malgré une pénurie de financements, et dans un monde où la Science aurait conservé sa curiosité initiale, il serait relativement évident de mettre le paquet sur l'étude de ces phénomènes qui ne sont décrits ni par la relativité, ni par la théorie quantique.
Aujourd'hui, le rasoir d'Occam (qui n'est ni une loi, ni un principe scientifique absolu, à peine un outil de discernement) est invoqué pour rejeter a priori ces théories, pour décourager le financement de ce type de recherche, sans connaître la teneur des dossiers. Puisque ces phénomènes ne sont pas décrits dans le modèle standard, c'est tout simplement qu'ils n'existent pas. Fin des discussions. La carte l'emporte sur le territoire.
"E pur, si muove" (et pourtant, elle tourne). Galilée, qui donne son nom à la commission de 70 scientifiques ayant participé à ce rapport, a demandé à de nombreuses reprises au professeur principal de l'université de Padoue d'observer à travers les lentilles de son télescope pour qu'il se rende compte de l'existence de ce phénomène nouveau pour l'époque: le mouvement de la lune et des planètes. Mais puisque la théorie dominante d'alors voulait que le ciel fût fixe (ce qui était de surcroît compatible avec la religion catholique où Dieu avait créé le ciel pour les hommes), ce professeur n'a jamais pris la peine de regarder le ciel à travers l'instrument optique.
Ne pas regarder les faits nouveaux au travers du télescope, c'est l'attitude maîtresse des représentants du scientisme. Du point de vue des scientifiques du rapport, c'est ce qui empêche la Science d'avancer dans de nouveaux territoires avec à la clé, la possibilité d'un modèle physique plus large incluant la conscience. Pourtant, les faits sont là, et leur convergence au travers de différentes disciplines est une consilience qui plaide en faveur de l'attribution de fonds à ces domaines de recherche considérés comme marginaux voire risibles. Il semblerait qu'il y ait de plus en plus de jeunes scientifiques ouverts à cette possibilité, et c'est peut-être un bienfait puisque comme le disait Planck, la science avance de funérailles en funérailles.