29 Janvier 2024
La médiumnité est un sujet qui m'intéresse depuis longtemps mais malheureusement, jusqu'à récemment, je peux dire que je n'ai pas rencontré les bons interlocuteurs. Les quelques médiums que j'ai été consulter m'ont globalement raconté beaucoup de bêtises, de sorte que j'ai préféré me tenir à distance prudente. Mais depuis presque deux ans, la vie a remis sur mon chemin des personnes qui abordent ce sujet avec un grand sérieux et une authentique humilité. L'auteure Catherine Kosmala est l'une d'entre elles. Nous avons déjà pu découvrir son parcours personnel tragique récent dans un livre publié fin 2019: Je suis là, où il était question du deuil de son fils, Julien, décédé brusquement dans un accident de moto, et des communications qu'elle a pu (r)établir avec lui dans le cadre d'une association consacrée à la compréhension de la médiumnité : l'IFRES. Dans son dernier livre en date À l'écoute des Esprits, paru en janvier 2024 aux éditions Le Lotus et l'Eléphant, elle met l'accent sur le fonctionnement de cette association, sur les différentes approches de la médiumnité, à travers la canalisation humaine ou par la transcommunication instrumentale, qui donne des résultats parfois vraiment interpelants.
L'objet de l'IFRES, constituée officiellement en association de loi 1901 en 1996, est de "comprendre et démontrer, par la recherche et l’expérimentation, la réalité de la conscience hors biologie" et de "poursuivre l'étude des phénomènes attribués au spiritisme en y apportant une discipline actuelle et des outils contemporains". En effet, le pari est d'aspirer à une version high tech du spiritisme, de le faire bénéficier des technologies actuelles, un mouvement initié dans les années 1970 et qui a vu l'avénement de la transcommunication instrumentale (TCI) popularisée par le père François Brune en France. C'est ainsi que sont nés les deux appareils phares de l'IFRES: la Cellule de Contact et plus récemment le Larynx Virtuel, qui fonctionnent tous deux sur le principe d'une amplification de micro-variations de pression d'air ambiant.
La Cellule de Contact en fait une représentation visuelle tandis que le Larynx Virtuel en fait une représentation sonore. L'hypothèse de départ est que les consciences qui habitent l'invisible ont besoin de déployer de l'énergie pour interagir avec la matière (et donc communiquer) et que ces appareils doivent leur faciliter la tâche en nécessitant la mobilisation d'un minimum de cette énergie pour obtenir des résultats. Il devient ainsi possible d'émettre des demandes et d'obtenir des réponses sous forme d'images ou de sons. Certaines des images obtenues et incluses dans le livre (mais surtout sur le site de l'IFRES) sont spectaculaires et de prime abord, il semble difficile d'attribuer ces réponses au seul hasard. Si certaines anomalies qui ressemblent à des visages peuvent aisément être assimilées à des paréidolies, d'autres images incluent des lettres qui forment des mots tout à fait identifiables et qui, par ailleurs, sont pertinents dans le cadre des demandes émises. Par exemple, lors d'une communication avec son fils Julien du 10 avril 2022, ce sont les lettres J et K qui s'affichent dans la brume, qui ne sont autres que les initiales de Julien Kosmala.
Ce qui est particulièrement troublant, c'est le fait que les lettres soient pertinentes dans le contexte, qu'elles aient une taille similaire, qu'elles soient dans le bon ordre, et surtout qu'elles soient affichées à un moment qui est lui aussi pertinent. Il me semble très difficile d'invoquer le hasard quand de tels phénomènes surviennent. Et il sont à foison. Chaque séance vient pratiquement avec son lot d'anomalies de ce type. Et quand ces images sont associées à des sons équivalents émis par le Larynx Virtuel, l'effet est encore plus saisissant. Il semble bien qu'il y ait par ces biais une interaction que l'on pourrait qualifier d'intelligente avec quelque chose.
L'autre détail intéressant est que la conception de ces appareils est reçue elle-même par médiumnité, par l'intermédiaire des deux fondateurs de l'IFRES, Laurie Dutoit et Joël Ury. Et depuis des années, ces appareils sont constamment améliorés selon les instructions reçues, pour gagner en précision.
Au-delà de ces considérations essentiellement techniques, À l'écoute des Esprits fait la part belle à l'histoire de la TCI, du spiritisme et de la médiumnité ainsi que du contexte dans lequel ces disciplines sont exercées. Y sont exposées aussi certaines théories sur la survivance de la conscience après la mort, sur les états de conscience propices aux contacts, sur ce qu'il se passe dans ce qu'à défaut de mieux il convient de qualifier d'autre monde.
L'un des aspects intéressants de ce livre est qu'il offre un panorama de ces pratiques et de leur contexte, Catherine Kosmala n'hésitant pas à utiliser de nombreux encarts pour développer tel ou tel thème. Mais surtout, il est constellé de transcriptions de conversations avec son fils, et c'est là que l'on réalise à quel point le dialogue est vivant. L'humour et l'ironie de Julien sont restées absolument intacts de l'autre côté, sa personnalité est totalement identifiable, et son vocabulaire puise allègrement dans le registre de l'oral: "Ouais !", "J'ai du boulot", "Ah bah oui!", "J'ai les boules des fois", "Ouaip", "T'inquiète", "Je me fais engueuler. Pas si fort! Pas commode le grand brillant." Il n'hésite pas à se moquer gentiment des êtres de lumières en les comparant à des lampadaires. D'autre fois, les échanges sont beaucoup plus profonds comme lorsqu'il s'agit d'expliquer que la mort n'est pas toujours programmée à l'avance ou quand il annonce qu'il est prévu qu'il se réincarne. Dans tous les cas, il me semble difficile d'abuser un parent quant à l'identité et la personnalité d'un enfant, surtout aussi malicieux que Julien, et si Catherine Kosmala a identifié son fils sans l'ombre d'un doute dans les dialogues obtenus en médiumnité, c'est que son essence est bien là.
À une période où les psychologues sont en train de revoir un peu leur copie quant à la problématique de la gestion du deuil, où les scientifiques s'ouvrent de plus en plus à la possibilité d'une continuité de la conscience après la vie, la médiumnité est de plus en plus acceptée en tant que sixième étape du deuil. L'IFRES fait un travail sérieux dans ce sens. Avec À l'écoute des Esprits, Catherine Kosmala, porte-parole de fait de cette association, offre une opportunité aux parents qui vivent le deuil insoutenable d'un enfant d'adoucir la souffrance, et à ce titre, c'est un ouvrage que je recommande.