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TélescoPages

Un espace dédié à la musique, à la littérature, à la science, à la conscience, et au-delà

Donald Hoffmann - The Case Against Reality

Une des grandes et difficiles questions qui hante l'esprit des philosophes depuis des siècles concerne la nature de la conscience, et son corollaire, la nature de la réalité. La thèse actuellement défendue par les neuroscientifiques - thèse dite matérialiste - est celle de la conscience comme propriété émergente des milliards de neurones qui composent le cerveau. Mais cette thèse n'est acceptée que sur la base du principe du rasoir d'Ockham qui est un principe de discernement sans être probatoire pour autant. Ainsi, aucun scientifique n'est capable d'expliquer le ressenti du goût du chocolat ou de l'odeur du café (et rien ne dit que ce ressenti soit universel).
A l'heure où les témoignages d'expériences de mort imminente (EMI) se multiplient avec de très nombreux cas où des personnes rapportent des informations inaccessibles au moment de leur arrêt cardiaque, ou des expériences de conscience élargie avec des ECG/EEG plats, de plus en plus de chercheurs acceptent l'hypothèse que le cerveau ne serait pas la source de conscience mais une simple interface matérielle d'une conscience existant dans un ailleurs. Cette interface serait par ailleurs très limitante, filtrant la réalité fondamentale pour n'en rendre que la surface, comme une radio ne transmet qu'une version appauvrie de la voix, filtrant les images, les odeurs, cachant la communication non-verbale ainsi que la conscience du locuteur.
Donald Hoffman est de ces chercheurs qui ont franchi le pas et qui étudient très sérieusement la question de la réalité. Selon lui, l'espace et le temps qui sont actuellement considérées en sciences dures comme des dimensions fondamentales seraient elles-mêmes des artefacts de la conscience, la conscience étant elle-même plus fondamentale encore. Issu du monde de la recherche en intelligence artificielle, Hoffman est parti du constat que les lois de l'évolution privilégient la capacité d'adaptation à l'accès global à la réalité. Tout au moins, c'est ce que les milliers de simulations de modèles informatiques déclinés du "jeu de la vie" ont prouvé: toutes les espèces qui accèdent à la réalité dans sa globalité s'éteignent très rapidement, et ne restent que les espèces ayant un accès limité à la réalité. Tous les êtres vivants sont le produit de l'évolution et chacun aurait donc accès à un tout petit sous-ensemble de la réalité.
L'auteur postule l'existence d'agents de conscience et en fait un modèle mathématique qui est le premier du genre à permettre d'objectiver la conscience. L'idée est de se servir de ce modèle pour en déduire les équations de la relativité et de la physique quantique. En ce sens, c'est une approche alternative à la théorie des supercordes qui a tendance à stagner depuis les années 90, mais qui a l'avantage de proposer des explications rationnelles aux phénomènes de conscience et éventuellement à certains phénomènes paranormaux comme les EMI.
Ce livre, qui connaît un grand succès outre-Atlantique, m'a assez plu par le côté novateur de l'approche, par la rigueur dont il est fait montre, mais surtout parce qu'il illustre que la science peut revenir à sa vocation première qui est de chercher à répondre aux questions, même existentielles. Et je le trouve assez complémentaire des recherches menées par l'école de Palo Alto et vulgarisées par Paul Watzlawick (cf "La réalité de la réalité", "L'invention de la réalité", "Les Cheveux du baron de Münchhausen : Psychothérapie et Réalité") et que j'avais trouvées absolument passionnantes.
Donald Hoffman dit régulièrement que son modèle mathématique est probablement faux, mais que puisque c'est un modèle réfutable, il espère que d'autres scientifiques se joindront pour tenter de le réfuter ou pour l'affiner.
Donald Hoffmann - The Case Against Reality
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